Couleurs d’automne

« Colchiques dans les près fleurissent, fleurissent… », la célèbre chanson enterre définitivement l’été, le temps de l’automne est venu. Terminées les longues périodes ensoleillées, place aux jours plus sombres. La réputation des colchiques au doux surnom de tue-chien, en fait de parfaits ambassadeurs. Tout animal sait que cette fleur des prés ne lui veut pas que du bien. La nouvelle saison s’annonce peu engageante.

L’automne s’installant, les couleurs exubérantes des chrysanthèmes effacent le délicat ton lilas des colchiques. Bien des pays fêtent brillamment cette arrivée colorée, simplement parce que c’est beau. Ou alors parce qu’ils symbolisent la longévité voire l’immortalité, comme en Orient. 

La France a l’esprit plus chagrin. Les chrysanthèmes auraient pu célébrer la Toussaint dans la liesse : n’est-elle pas la fête de tous les saints ? Mais voilà, on y a accolé le souvenir de tous les morts, et ça c’est moins réjouissant. Quand on est destiné à orner les tombes des défunts, à défaut d’être terne, il faut savoir être discret.

Choisir le lumineux chrysanthème pour fleurir les tombes, quel paradoxe ! Il ne fallut pas moins que l’aura d’un Georges Clemenceau proposant cette fleur de saison pour rendre hommage le 11 novembre 1919 à tous les soldats tombés lors de la Grande guerre. Du 11 novembre à la Toussaint, le pas fut franchi aisément, associant tous les défunts dans un souvenir commun. 

Il faut le reconnaître, ces cimetières débordant de fleurs à la Toussaint sont d’une beauté émouvante. La froide réalité de la mort s’en trouve adoucie : les colorations si diverses des chrysanthèmes dégagent une harmonie apaisante. Au-delà de la triste évocation des disparus, éclate l’évidence d’une vie refusant de se laisser enfermer à tout jamais dans la grisaille et l’immobilité d’une tombe. De ces chrysanthèmes aussi lumineux qu’éphémères naît l’espérance plus ou moins affirmée : la vie est davantage qu’un corps à la chair fragile.

La Bible confirme cette intuition : « Sur la terre, nous habitons dans un corps. Il est comme une tente qui sera détruite un jour. Mais dans les cieux, nous avons une maison qui dure toujours. C’est Dieu qui l’a faite » (2 Corinthiens 5.1).

On dit alors facilement que celui, celle qu’on met en terre est « là-haut ». Là-haut ? Est-il bien raisonnable de tenir ces propos tout en méprisant les « fadaises religieuses » ? Quel intérêt à résider là-haut chez ce Dieu qu’on n’a jamais voulu fréquenter ? A moins de se rassurer en imaginant un petit paradis à soi ? C’est rassurant un paradis bricolé à sa dimension. Rassurant à défaut d’être crédible.La Bible voit les choses en bien plus grand : « Vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5.13). La vie en grand, plus lumineuse que les chrysanthèmes d’automne, et tellement moins éphémère. Offerte à tous ceux qui mettent leur foi en Jésus, le Fils de Dieu. A prendre ou à laisser… le choix nous appartient.

Pierre Lugbull