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Le langage des fleurs

« Dites-le avec des fleurs ! ». Si l’invitation est connue de tous, la pratique est loin du compte. Nous vivons une époque où l’on préfère se faire entendre par la violence et la guerre. Mais, restons-en aux fleurs.

Ainsi, la rose rouge personnifierait l’amour passion. Amour passion ? Surgit en écho la violence des passions… justifiant paraît-il de crimes passionnels. Difficile de se concentrer sur la seule beauté de la fleur…

Mais il est des symboles bien plus doux. Ainsi, le myosotis, petite fleur bleue si bien nommée en anglais comme en allemand : « ne m’oubliez pas ». Fidélité, tendresse, attente, le message ne peut laisser indifférent.

On fait volontiers parler les fleurs, au gré de nos sentiments et de notre imagination. Et si, pour une fois, nous écoutions ce qu’elles nous disent plutôt que parler à leur place ? Bien sûr, elles ne font pas grand bruit, et pour entendre leur voix, tous nos sens doivent se tenir en éveil.

Il y a tout juste 500 ans naissait Pierre de Ronsard dont les vers ont traversé les siècles :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée…
Las, une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir…
Et Ronsard de s’interroger sur la brièveté de la jeunesse, de la beauté, de l’existence. La rose lui a parlé, bien différemment du message codé du bouquet dans son vase.

N’étant pas Ronsard, ce sont les tulipes du jardin qui m’ont interpelé. Des interlocutrices certes moins prestigieuses qu’une rose. Mais elles aussi savent parler aux humains. Chaque soir, pétales et sépales se referment, pour s’ouvrir à nouveau chaque matin au soleil. Quand le temps devient chagrin, la tulipe décide de rester fermée. Déjà plus de 2 semaines de cette activité quotidienne, une vigueur qui m’étonne.

Pourquoi les tulipes d’un vase ne savent plus se refermer une fois ouvertes ? Pourquoi leur tige peine à rester droite ? Une seule différence avec celles du jardin : elles ont été coupées. Coupées de leur milieu naturel. L’eau du vase ne leur suffit pas, même additionnée d’un complément alimentaire.

Et si c’était là le grand problème de l’humanité ? Malade parce que coupée de son Créateur depuis si longtemps. Mais continuant à vouloir se débrouiller seule. Le Créateur des humains aussi bien que des tulipes sait que ce n’est pas possible. Seul un retour à leur milieu naturel permet aux hommes de retrouver leur vigueur. C’est le mandat qu’il a confié à Jésus.

Jésus n’évoque ni les roses, ni les tulipes, mais plutôt la vigne : « Moi je suis le cep, vous les sarments… demeurez sur le cep… Venez à moi vous qui êtes courbés… Je suis le pain qui nourrit… je suis la vie…»

Fleur coupée dans un vase ou fleur vivante replantée dans son terreau ? Un choix qui ne dépend que de nous.

Pierre Lugbull