Dois-je l’avouer ? J’ai suivi la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Parfois admiratif de l’audace et de la créativité, parfois aussi dérangé. Une ouverture inédite sous des vagues de pluie… avant les vagues de réactions.
La Conférence des Evêques de France a ouvert le feu : dérision et moquerie du christianisme. En cause, plusieurs éléments dont un identifié comme parodie de la Cène. Personnellement, je n’avais pas remarqué l’allusion au tableau de Léonard de Vinci, allusion réfutée par le concepteur du spectacle. Personnellement, cette toile n’a jamais nourri ma foi, trop éloignée de l’atmosphère des évangiles. Désolé Léonard !
Bien sûr, il y eut d’autres moments du spectacle plus dérangeants : relations amoureuses et genres « inclusifs » comme on dit aujourd’hui. Les organisateurs assument, n’y voyant que le miroir de notre société.
Mais la clef est chez Thomas Jolly, le maître de cérémonie : « L’idée était plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe, l’Olympisme ». Une fête païenne ! Scandale ! Et la civilisation chrétienne alors ?
L’Olympe, séjour des dieux de la Grèce antique où règnent amour, rivalité, cruauté, mais aussi banquets fastueux. Dionysos y célèbre la vigne et le vin sans retenue, comme à Paris… Dans la ville d’Olympie, Zeus est célébré par de grandes fêtes religieuses avec chants sacrés et danses. Pour les rehausser, on a construit un stade où s’affrontent les meilleurs athlètes. Les jeux olympiques sont nés, jeux on ne peut plus païens.
Quelques 2 500 ans plus tard, fin du 19 ème siècle, Pierre de Coubertin, admirateur de la Grèce antique, veut ressusciter les jeux d’Olympie comme projet fédérateur entre nations. C’est cette histoire, d’Olympie à Paris que Thomas Jolly a tenté de représenter avec plus ou moins de bonheur.
Pierre de Coubertin est un homme de son époque. Mesdames fermez les oreilles ! « Le véritable héros olympique est, à mes yeux, l’adulte mâle individuel… Aux Jeux olympiques, le rôle des femmes devrait être surtout de couronner les vainqueurs ». Charmant, non ?
Quant aux JO de 1904 à Saint-Louis/Missouri, les organisateurs prévoient des journées spéciales réservées « aux représentants des tribus sauvages et non civilisées ». Projet né dans la très chrétienne Amérique, finalement abandonné …
Malgré ces dérapages on juge bienséant d’introduire les premières Olympiades par une cérémonie chrétienne. En 1908 à Saint-Paul de Londres, Mgr Talbot eut ces paroles historiques : « L’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part ». Coubertin, on sait à qui tu as volé ton slogan !
Entre religion et politique (fut-elle sportive) on flirte avec les liaisons dangereuses. Les condamnations de Paris 2024 par Téhéran, Ankara ou Moscou, ces défenseurs vertueux de la morale, devraient nous alerter. Une société chrétienne gardienne de la morale est un mythe.
Voici revenu le temps des premiers chrétiens témoins dans une société païenne, faibles porteurs d’un Evangile puissant. A la suite de Jésus, sans manifestations bruyantes, ils ont bouleversé la société païenne de leur époque.
Pierre Lugbull