Voilà qu’une élection réputée n’intéresser personne, a brutalement réveillé les Français. Un vent de panique souffle tout à coup sur les différents partis en quête de pouvoir. La plupart réadaptent en urgence leurs promesses. D’autres pourront réutiliser leurs slogans sans hésitation, tel le Parti Animaliste : « Votez pour les animaux et vous ne serez plus déçu ! » avec en médaillon, un chaton tout mignon. De quoi faire craquer les plus sensibles.
Au risque de contredire le slogan, un chat m’a déçu. Grimpant silencieusement dans le cyprès tout proche, il s’est attaqué à un nid de merles. Acte gratuit, satisfaction d’avoir détruit une couvée. L’instinct dira-t-on pour justifier le mignon chaton.
Pour éviter d’être accusé de « chatophobie », restons-en aux oiseaux. Ainsi, un couple de pigeons prépare son nid dans une fourche élevée de l’érable voisin : allées et venues, brindilles dans le bec. Il y a 2ans, nous avions admiré les mêmes préparatifs, puis la période de couvée. Surprise de voir le mâle et la femelle couver les œufs à tour de rôle, permettant ainsi à chacun de s’alimenter. Egalité de genre garantie !
Un jour, les roucoulements de notre couple furent interrompus par des jacassements sardoniques. Une pie fondait sur le nid, ne laissant aux pigeons que le choix de la retraite. Ce raid éclair s’est soldé par quelques coquilles au sol. La pie avait-elle gobé les œufs ou avalé les jeunes juste éclos ? Le monde des oiseaux n’est pas que calme et volupté.
Faut-il évoquer ce couple de cigognes ayant élu domicile dans un village voisin ? Et ce jour funeste où la mère jeta à bas du nid un jeune jugé trop chétif ? Les oiseaux aussi peuvent décevoir.
Dans un registre plus réjouissant, l’histoire d’une maman cygne promenant sa couvée. Une butte séparait la petite troupe de l’étang convoité. Par des battements désordonnés d’ailes et de pattes, les petits franchirent l’obstacle… sauf l’un d’entre eux, handicapé par une patte déformée. Tous attendirent patiemment que lui aussi finisse par y arriver. Seulement alors ils dévalèrent vers l’eau, s’éloignant ensemble dans une même nage harmonieuse.
Le monde animal ressemble furieusement au monde des humains. La laideur et l’agressivité y côtoient le sublime. « Votez pour les animaux et vous ne serez plus déçu » : un slogan parmi d’autres, sans fondement. Chercher la solution aux errements humains dans une nature idéalisée peuplée d’animaux bienveillants n’est qu’une fausse piste. Ce monde merveilleux n’existe pas.
L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome : « La création entière gémit et souffre… attendant la libération… ». Ceci parce que les hommes, chargés par Dieu de veiller sur sa Création, se sont estimés capables de l’exploiter à leur guise.
Face à leurs échecs, ils cherchent le salut dans les chimères d’une nature déifiée, ou dans les promesses de bonimenteurs. Dieu n’est-il pas plus crédible, lui qui depuis des millénaires appelle les hommes à revenir àlui pour reconstruire une nouvelle création ?
Pierre Lugbull