Y aura-t-il de la neige à Noël ?

A l’approche de l’hiver, l’angoisse monte : y aura-t-il de la neige à Noël ? Si la neige vient à manquer, que vont devenir nos projets de vacances à la montagne ? Car tout va de travers, de la planète qui se réchauffe aux problèmes sanitaires incontrôlables. Elle paraît lointaine l’époque où tout allait bien, au moins dans nos mémoires un peu courtes.

Comment survivre à l’agitation quotidienne sans cette parenthèse hivernale devenue indispensable ? Besoin vital pour la moitié des Français nous disent les statistiques… Comment donc survit l’autre moitié ? Il est vrai que le coût du chauffage ou la recherche d’un toit ne laissent pas trop le temps de mesurer l’ampleur du besoin vital de vacances à la montagne.

Outre la saison d’hiver, il y a celle d’été. Des quatre saisons d’autrefois, il n’en reste que deux. Effet du changement climatique ? Ou changement de regard sur le climat ? L’été, en tout cas, c’est l’époque des vacances à la mer ! Indispensable rafraîchissement après une surchauffe d’activités.

Il y a quelques années, un jeune homme du Burkina Faso arrivant à Paris, resta en arrêt devant une affiche placardée dans le métro : « ¼ des enfants n’ont jamais vu la mer ». Essayant de décrypter le sens du message, il découvrit qu’il s’agissait d’une action destinée à réparer l’injustice subie par ces enfants. Lui, habitant du Sahel, découvrait donc son drame personnel : enfant, il n’avait jamais vu la mer… Choc culturel qui lui fit presque oublier le climat froid de la capitale.

Cet homme avait quand même vu la mer, mais plus tard, lors de ses études universitaires dans une ville côtière d’Afrique. Puis il était revenu dans sa région d’origine avec l’objectif de sortir des enfants de toutes sortes de dépendances, de la drogue aux forces occultes. Il ignorait qu’il aurait dû inclure dans son programme la nécessité de leur faire voir la mer…

Un sociologue s’interrogeait : « Comment assumer socialement le fait de n’avoir jamais vu la mer ? ». Et de préciser : « N’avoir jamais vu la mer pour un enfant ou un adulte relève presque d’une infirmité sociale ». Malheur donc à qui n’a jamais vu la mer ! Pas de place dans la société ! 

Concilier les impératifs destinés à assurer un bon équilibre personnel et relationnel reste ardu. Neige indispensable en hiver, plage nécessaire en été. Encore faut-il que le climat respecte nos rythmes. Bon, on y travaille : nos actions éco-responsables devraient faire rentrer le climat dans le rang !

Quant à nos propres rythmes, chacun est conscient de la nécessité de commercer dans l’urgence, jour et nuit, dimanches et jours fériés, ce qui nécessite des temps de loisirs. Des temps à leur tour rythmés par les contraintes commerciales des fournisseurs de loisirs. 

Dieu avait vu sa création autrement, avec temps de travail et de repos alternant en toute saison. Mais c’était avant que l’homme reprenne les choses en mains. La conduite accompagnée aurait peut-être été préférable… Dieu aimerait tant que nous l’acceptions. 

Pierre Lugbull