Bulletin de notes

L’école n’est plus ce qu’elle était, c’est bien connu. Charlemagne n’y comprendrait plus rien ! Même Jules Ferry tomberait de son piédestal. La légendaire école de la République, exemple envié par le monde entier – à vérifier quand même – n’est plus ce qu’elle était. Cet « ascenseur social » qui permettait au petit provincial ignorant de s’élever jusqu’aux postes prestigieux, cet ascenseur social est en panne.

Pire qu’une panne : l’ascenseur scolaire se serait transformé en machine à broyer des enfants. Des enfants naturellement avides de savoir et dont le système scolaire brise l’épanouissement. Le réquisitoire est alarmant avec, il est vrai, un goût prononcé pour la caricature. Mais il ne faut pas lésiner sur les moyens quand on veut dénoncer un scandale…

Parmi les tares recensées, le système de notation scolaire est l’accusé n°1. Pense-t-on au ressenti de l’enfant victime d’une « mauvaise note » ? Imagine-t-on le traumatisme subi ? Pour démontrer l’inefficacité du système de notation cher aux écoles françaises, on convoque le fameux classement international Pisa : score sans appel, la France notée 493 contre 555 à la Chine, ce modèle éducatif incontesté. S’appuyer sur une notation pour en fustiger une autre est néanmoins étrange…

Reste une question : comment amener des enfants à progresser dans des connaissances et des pratiques où ils pourront s’épanouir ? Difficile d’éviter, tôt ou tard, l’œil expérimenté habilité à dire : « c’est bien, continue », ou alors « tu fais erreur ». Tant pis pour les illusions et l’ego froissé… L’ouvrage a besoin d’être évalué et corrigé s’il veut viser la perfection.

Dans le jardin d’Eden, quand Dieu a donné sa première leçon de sciences de la vie à l’être humain, ça ne s’est pas très bien passé : de quel droit, ce Maître, fut-il mon Créateur, m’imposerait-il sa façon de voir ? Depuis, rien n’a changé ; qui d’autre que moi peut décider de ma valeur ? Pourtant, bizarrement, chacun s’estime compétent pour évaluer les autres dans leurs activités. Restaurant, musique, spectacle, sport… tout y passe. Ah le plaisir intime de noter et classer autrui ! 

Dieu avait, et a toujours, un autre projet. Un projet dans lequel l’épuisante compétition humaine est bannie. Le projet d’un corps où chaque être humain trouve sa place : « Dieu dispose chaque organe dans le corps, chacun avec sa particularité. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi ! » Et la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ! » Au contraire, même les parties du corps qui semblent les plus faibles sont nécessaires… Toutes ses parties prennent soin les unes des autres » (2 Corinthiens 12.18-25).

Chacun veillant à la réussite de chacun… Perspective irréaliste ? Dieu nous invite à simplement confier nos échecs à Jésus-Christ. Si nous lui remettons les clefs de notre vie, il nous remettra dans la bonne direction. Avec d’autres compagnons de route et lui comme maître bienveillant !

Pierre Lugbull