Les chanteurs, dans leur grande majorité, se veulent témoins du monde actuel. Fini le temps des chansonnettes superficielles où amour devait rimer avec toujours. Pourtant, dans leur élan à évoquer un monde injuste et violent, revient la plupart du temps l’aspiration à davantage de paix, à davantage d’amour. La quête d’amour reste l’obsession la mieux partagée.
Au siècle dernier, déferlait sur le monde le slogan « Peace and Love ». Revendication d’une jeunesse américaine opposée à la guerre sans issue menée par leur pays au Vietnam. Le slogan se concrétisa dans le mouvement hippie. Tenues baroques, usage de drogues censées faire planer, sexualité sans tabou, l’absence de règles devait conduire à une société libérée de tout embrigadement, une société de paix et d’amour. Les lendemains furent loin d’être roses pour beaucoup de ceux qui misèrent sur cette utopie.
L’homme a toujours eu du mal avec la paix et l’amour. Toujours à les rechercher, mais rarement à les transformer en réalité durable dans leur vie. Constat traversant les siècles. Pourtant quelque chose a changé depuis l’utopie hippie. Si l’on revendique toujours rechercher l’amour selon ses propres critères, l’adhésion des autres est désormais exigée. Une approbation inconditionnelle de tous à ses choix personnels. Gare à ceux qui émettraient une réserve, voire une simple incompréhension. Le procès en « phobie » serait aussitôt engagé, l’accusation glissant rapidement de « phobie » à « haine ». Les anti-amour doivent être éradiqués !
On ne peut enlever aux hippies une implication personnelle dans leur quête de paix et d’amour. Se mouillant eux-mêmes, ils tentèrent de transformer en vécu personnel le slogan « Peace and Love », peu préoccupés d’imposer leurs choix aux autres.
Il y a peu, deux jeunes femmes de ma connaissance se sont mariées. Choix d’amour naturellement. Et tout récemment l’une d’elle a annoncé sa grossesse, un projet d’amour mûri avec « sa femme ». Passé l’étonnement, je m’interroge. De façon très terre à terre, difficile d’imaginer cette grossesse sans donneur. Selon le portait tracé par les médias, un donneur est un homme sensible à la détresse des femmes privées de maternité. Son don est un acte d’amour. L’amour d’un couple de femmes, l’amour d’un donneur, l’amour d’une vie à naître… une chaîne d’amour. Qui oserait s’interroger sur la pertinence de ces choix ?
Ces jeunes femmes invitent chacun des membres de l’Eglise à progresser dans l’amour, à leur exemple. Un toilettage de commandements bibliques trop frileux ouvre des perspectives prometteuses. Vous dites « commandements » ? En parlant d’amour, Jésus mélangeait tout : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »
Quand les hommes parlent d’amour, ils disent : sentiments, satisfaction des désirs. Quand Dieu parle d’amour, il dit : souci de l’autre, jusqu’au bout. Dieu aime tellement le monde, dit Jésus, qu’il m’a chargé, moi son bien-aimé, de le sauver quel qu’en soit le prix. Quand Dieu dit, il fait.
Pierre Lugbull