En une phrase d’Emmanuel Macron, voilà les Amish promus rivaux de la 5G ! Un exploit pour une communauté dont les membres les plus convaincus n’ont encore jamais goûté au téléphone. Promotion d’autant surprenante que personne n’avait pensé aux Amish jusque-là. Ni en 1876 lorsque Monsieur Bell présenta cette étrange machine, ni par la suite, et encore moins dans nos temps modernes.
Ils doivent aussi être surpris les Amish de se voir associés aussitôt à des défilés proclamant : « Les Amish en colère et dans la rue ». Eux qui insistent sur le retrait de l’agitation du monde et la paix communautaire. Mais les Amish les plus sérieux ne sont pas accros des réseaux sociaux, ils ne possèdent même pas un poste radio. Alors ils ignoreront qu’on n’a pas besoin de les connaître pour parler d’eux. Pas besoin, pas le temps, il faut être rapide et efficace.
Plus encore que les Amish, nos concitoyens auraient de quoi être surpris en découvrant que les Amish sont nés il y a plus de 300 ans près de chez eux, en Alsace vosgienne. Convaincu par un certain Jacob Amman, un groupe de chrétiens de Sainte-Marie-aux-Mines prit au sérieux l’apôtre Paul recommandant de ne pas se conformer au monde présent (Romains 12.2). Le groupe, fixé sur cette recommandation, poussa la logique jusqu’à s’isoler de toute relation extérieure. Il se figea dans le 17ème siècle finissant, dans le domaine technique, dans son habillement, dans son langage germanisant. Avant d’émigrer Outre-Atlantique sous le nom d’Amish – disciples de Amman – où les grands espaces facilitaient l’isolement.
Nos contemporains ont vu dans les Amish des précurseurs des Verts. De grandes exploitations agricoles fonctionnant sans technique moderne, sans même l’électricité fut-elle verte… A l’heure du tout bio, ils deviennent précurseurs du futur. L’histoire à rebours ! Avec un bémol : leurs vaches dont chacun sait que le bilan carbone est catastrophique. Même ces Amish visionnaires ne sont pas parfaits. Enfin, ils ont l’excuse de ne pas capter les émissions pouvant parfaire leur éducation.
Teinté de vert par les Européens, le fondement des Amish est d’abord volonté de fidélité à la Parole de Dieu. Chut… à ne pas ébruiter de ce côté-ci de l’Atlantique. Sans ce souci transmis de génération en génération, ils auraient disparu depuis longtemps, se fondant dans la masse. Ce ne sont pas les théories vertes qui ont alimenté leurs réflexions. Si leurs champs ont bénéficié de soins respectueux, c’était simplement par respect de la terre que le Créateur leur confiait.
Certes, on peut être réservé sur leur lecture rigide de la Bible. On aimerait qu’ils découvrent ce qu’a de véritablement libérateur la liberté en Jésus-Christ, prônée par le même apôtre (Galates 5.1). Qu’ils connaissent la libération de lois internes censées être protectrices, mais devenues sclérosantes. Qu’ils découvrent la liberté de choisir une autre voie que celle que la société veut imposer. On disait des premiers chrétiens qu’ils suivaient « La Voie ».
Et la 5G dans tout ça ? Promis, nous en reparlerons ! Mais en attendant, malgré leur soudaine réputation, sachons une chose : n’est pas amish qui veut !
Pierre Lugbull