L’effet boule de neige

Si je vous dis que cet effet est « un cercle vertueux ou vicieux qui accumule aux événements considérés déjà présents de nouveaux faits en qualité de plus en plus grande, à la manière d’une série géométrique ou même d’une fonction exponentielle », cela vous dit-il quelque chose ? Non ? Mais si, un petit effort ! « Cet effet tire son nom de l’exemple d’une boule roulant le long d’une pente couverte de neige : on imagine alors que la boule va grossir de plus en plus au fur et à mesure de son parcours, et ceci de plus en plus vite. ». Il est vrai que les images enfantines sont plus faciles à comprendre que les explications scientifiques ! Car oui, il s’agit bien de « l’effet boule de neige ». 

Comme le dit la définition, l’effet boule de neige est vraiment appréciable quand les conséquences sont positives. Dans ce cas, plus la pente est importante et plus il y a d’occasions de se réjouir à la pensée des conséquences heureuses que cela produira. C’est comme quand, au bowling, on réalise le « strike » tant espéré ! 

Malheureusement, le plus souvent, cette expression décrit un événement dont les dimensions n’ont pas été profitables, au contraire ! L’effet boule de neige inspire alors quelque chose de négatif, comme une expérience ou une action qui s’est révélée hors de contrôle. 

Si l’on en est venu à mettre un nom sur cet effet particulier, c’est pour montrer la nécessité de concentrer tous ses efforts à stopper la boule le plus en amont possible. Facile à dire… Car justement, c’est quand elle se trouve tout en haut de la pente qu’elle est la moins remarquée, la moins dangereuse, la moins impressionnante. D’où la tentation ou la facilité (?) de « laisser faire », de « laisser couler » comme on dit. 

Mais à bien y réfléchir, la plupart du temps, il s’agit moins de flemmardise amenant à laisser couler plutôt que d’un vrai discernement Ce vrai discernement n’est pas toujours évident à mener car, entre difficulté et facilité, nos esprits humains ont une préférence… Ainsi, dans une situation relationnelle difficile, on acquiert des réflexes sous forme de petites pensées : « j’ai dû me tromper, il / elle a sûrement voulu dire autre chose » ou « non, mais ce n’est pas ce qu’il / elle pense vraiment ! », etc. Et fort de ces petites phrases, voilà qu’à notre insu, ce qui était une mini boule de neige commence à prendre de l’ampleur et finit par compliquer les relations. Tout cela parce qu’on n’aura pas suffisamment écouté les avertissements de notre propre conscience (ou de celle des autres d’ailleurs ! Vous savez, ces lanceurs d’alerte !). 

L’effet boule de neige se produit le plus souvent quand nous choisissons, volontairement ou non, de mettre les avertissements en sourdine. Arrêter la grosse boule de neige dévalant la pente à pleine vitesse demandera alors plus de courage et de sacrifice que lorsqu’elle était encore insignifiante.

Que dire donc sinon que discernement et écoute éprouvés sont nécessaires. Que dire de plus si ce n’est que le courage doit leur emboîter le pas. Courage d’aborder les questions dérangeantes afin de bien saisir ce qui est en train de se jouer. Courage et liberté de dire non, courage d’entendre une confidence, courage de chercher de l’aide, … 

Parce que nous, les hommes, avons des caractères, des personnalités, des compréhensions et des histoires différentes, il n’est pas rare que nous nous retrouvions face à des « Goliaths » faits de neige et de glace. 

Pour l’éviter, l’apôtre Paul priait pour que les chrétiens de Philippes puissent avoir un amour qui augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence afin de discerner ce qui est essentiel (Philippiens 1. 9ss). Pour ma part, je ne peux que constater qu’il y a encore beaucoup de boulot ! Et moi qui n’aime pas la neige… 

Kévin Commere