On veut des chiffres ! 

« Je veux des chiffres ! ». On pourrait croire qu’une telle phrase ne se trouverait bien que dans la bouche de commerciaux avides de bons résultats annuels, mensuels, voire même quotidiens ! Quand la concurrence est rude, disent les commerciaux, une seule chose est essentielle : les chiffres ! Car dans le dur monde de la consommation, ce sont les chiffres qui donnent le « La » ! Encore eux qui permettent de définir si l’entreprise fait partie des grandes ! Pour la santé des salariés en revanche, on repassera car, dans ces cas, les pressions sont souvent très lourdes à porter. Mais que voulez-vous, les chiffres sont plus importants que les hommes… 

Les commerciaux ne sont pas les seuls à s’y intéresser de près ! Ils ne sont pas les seuls à être enfermés dans la dictature du chiffre. Car loin de moi de tirer à boulet rouge sur ces professionnels dont les services me sont également fort utiles ! Non, le plus malheureux c’est que toute la société semble ainsi envahie par le besoin de chiffrer. Nous avons pris l’habitude de donner et de recevoir nombres ou pourcentages en tous genres pour renseigner voire même éclairer bien des situations ! Ainsi, les contrôles de police sont mis en statistiques, le risque de devenir dépressif au contact d’un membre de la famille atteint de dépression l’est aussi, etc. 

Mieux encore, faut-il dire « pire » ?, avant même de voir la couleur de ses yeux ou d’entendre le timbre de sa voix, les parents du bébé à naître peuvent déjà connaître les mensurations de l’enfant ! Incroyable n’est-ce pas ? Oui, mais quelle inquiétude pour les parents quand les courbes ne correspondent pas à ce que nous appelons la « normale » ! Quelle inquiétude et quelle douleur aussi lorsque le risque d’accueillir un enfant ne répondant pas aux critères actuels est important… 

Même si les mathématiciens ne jurent que par les chiffres, prétendant même que Dieu a créé le monde grâce à eux, il faut bien dire que les chiffres n’augurent pas que du bon ! 

Fort heureusement, Dieu n’a que faire des statistiques, Il n’a que faire de probabilités qui nous bloquent. Non pas que le Seigneur de l’univers ne s’y intéresse pas, au contraire, mais ses décisions et ses actions ne sauraient être enfermées par de savants calculs. Si plusieurs n’hésitent pas à réclamer des « chiffres » à tout va, le Seigneur, lui, s’intéresse à tout autre chose. Il s’intéresse à la qualité de la relation, Il s’intéresse au lien que les hommes peuvent avoir les uns avec les autres, et surtout, au lien que les hommes peuvent avoir avec Lui. 

Pour illustrer cela, Jésus, dans ses paraboles, n’a pas hésité à faire mention de chiffres et de statistiques, mais c’était pour nous faire comprendre la profondeur de l’amour de Dieu. Ainsi, il raconte successivement l’histoire du berger qui laisse ses 99 brebis pour aller en chercher une qui est égarée, l’histoire de la femme ayant perdu une de ses 10 pièces d’argent et qui fouille toute la maison pour la trouver, et l’histoire du père de deux fils dont l’un, finit par revenir à la maison après une grosse crise d’adolescence. 

En pourcentage, cela donne 1 sur 100, 1 sur 10, et enfin 1 sur 2. Que faut-il comprendre de la pensée de Jésus ? Était-il lui aussi dans une observance stricte de chiffres et de probabilités ? C’est exactement l’inverse : quel que soit le ratio, le Seigneur se met à la recherche de ce qui est perdu. C’est cela que Jésus montre par ces histoires. 

Nous sommes loin du « un de perdu dix de retrouvés » que l’on entend parfois. Loin, très loin. Car avec le Seigneur, il n’est pas question de chiffres, mais de cœurs, de personnes qui comptent énormément pour Lui. C’est ce que l’Évangile nous apprend (Jean 3.16) : Dieu nous a tant aimé qu’il est venu offrir sa vie comme si nous étions, chacun, la seule personne au monde ! Oui, pour Dieu, nous sommes donc plus qu’un simple… numéro ! 

Kévin Commere