Nettoyer, balayer !

« Nettoyer », « balayer » ! Pour l’Antillais que je suis, il est presque impossible d’entendre ces deux mots sans penser à la célèbre chanson de Zouk Machine tant écoutée en métropole dans les années 90. Sur un rythme entraînant, ces chanteuses ont voulu faire passer un message à la société : Nous les femmes, nous ne sommes pas là uniquement pour faire le ménage, et autres tâches de la maison tout en chantant ! Impossible de les contredire. Nettoyer, balayer, c’est bien l’affaire de tous, quel que soit le genre. 

Nettoyer, c’est ce qu’a voulu faire un homme resté anonyme (!). Se baladant sur un chemin communal de Gaudiempré, dans le Pas-de-Calais, notre homme a aperçu au loin une tôle froissée n’ayant pas sa place dans le paysage naturel dont il souhaitait profiter. Décidé, il a alors commencé à attraper et écarter la tôle, permettant de découvrir un tube, puis une poignée, puis des bagues et des anneaux de toutes sortes ! 

Il n’a pas fallu trop de temps à cet aventurier anonyme pour comprendre qu’il était tombé sur un véritable trésor, laissé là par des populations lointaines. Un trésor, enfoui sous les déchets et détritus d’hommes modernes. Ce trésor de 42 pièces, principalement des parures en or datant du 2ème ou du 1er siècle avant notre ère, est l’une des découvertes majeures de l’archéologie gauloise, précise Jean-Pierre Reymond, dans un article concernant les découvertes archéologiques rocambolesques. 

Si l’article mentionne des péripéties judiciaires entre l’État français, le propriétaire du champ et le l’auteur de la découverte, on ne saura rien sur la question d’une possible rétribution financière éventuellement à l’origine de l’anonymat du découvreur… 

Bien avant la chanson de nos amies antillaises, et du geste écologique de l’auteur de la découverte, d’autres hommes ont été à l’origine de « coups de balais » importants pour l’Histoire. Ainsi, on a retenu l’épisode de la réparation du Temple de Jérusalem sous le règne de Josias (cf. la Bible, en 2 Rois 22). Il s’agissait moins en effet d’un « coup de balai » qu’une journée « travaux » ressemblant toutefois à nos grands ménages de printemps. 

Quoiqu’il en soit, c’est lors de cet événement qu’un trésor enfoui, caché, fut découvert ! « Le grand prêtre Hiliqiyahou dit au secrétaire Shafân : “J’ai trouvé le livre de la Loi dans la Maison de Seigneur !” » (verset 8). 
Tiens, tiens ! Voilà qui devrait poser question ! Comment un livre aussi important que la Loi de Dieu, fondateur de l’Ancien Testament, donnant toutes les prescriptions nécessaires à une vie pieuse, a-t-il pu à ce point tomber dans l’oubli ? De tels nettoyages de printemps n’auraient-ils pas intérêt à être réalisés de manière plus régulière ?

Voilà des questions que chacun pourrait se poser. En effet, avec pareil récit, jeter la pierre serait tentant ! Pourtant, au lieu d’aller dans ce sens, l’évangile de Jésus-Christ amènerait plutôt chacun à… nettoyer devant sa porte ! 

Faisant référence à l’état de notre cœur et non à celui de nos logis, Jésus pourrait nous questionner nous aussi : à quand remonte ton dernier nettoyage de printemps ? As-tu observé tous les déchets et détritus prenant racine ici et là ? Ne faudrait-il pas… balayer, nettoyer en profondeur (cf. Matthieu 15) ? Cette question, nous devrions tous nous la poser. Car nos cœurs et nos esprits sont malheureusement trop souvent pollués de mauvais raisonnements menant à toutes sortes de violences et corruptions. 

Nettoyer, balayer. Voilà ce que nous sommes tous appelés à faire. Et qui sait si, ce faisant, nous ne tomberons pas, nous aussi, sur un trésor ?

Kévin Commere