Le nom des tempêtes

Le vent, les tempêtes, les cyclones, ces monstres dévorant tout sur leur passage ont un point commun intriguant. Tous portent des noms ! Des prénoms pour être précis ! Vous vous souvenez peut-être de Katrina, ce cyclone de catégorie 5 qui engloutit 1 800 vies, et causa plusieurs milliards de dollars de dégâts matériels à La Nouvelle-Orléans… Puis il y eut Sandy, Nancy, mais aussi Gafilo et Andrew plusieurs années auparavant. Sans oublier « Bhola le grand » (The Great Bhola Cyclone !) le cyclone le plus meurtrier de toute l’histoire avec plus de 300 000 morts au Bangladesh. Si ces noms ne vous disent rien, en voici quelques autres aux consonances plus locales : Viviane en Haute Corse en 90, les jumeaux Lothar et Martin en 99 (à Montbéliard, c’était Lothar qui a fait des dégâts traversant la France jusqu’en Allemagne le 26 décembre, avant Martin le lendemain davantage sur le Sud-Ouest), sans oublier Xynthia en 2010 tuant 53 personnes dans le Sud-ouest, dont 29 dans la seule commune de La Faute sur Mer en Vendée. 

Mais au fait, pourquoi nommer de telles catastrophes ? Disons d’abord que tous les vents n’ont pas cette chance. Seuls ceux dépassant les 119 km/h se voient ainsi baptiser ! Et pas de baptême sans eau ! Les pluies torrentielles font également partie des critères pour se voir attribuer un prénom… Ensuite, météorologues et autres experts sont unanimes : donner un nom à une tempête sert à les identifier plus rapidement dans les messages d’alertes, car les noms sont beaucoup plus simples à retenir que des nombres ou des termes techniques. Nous voilà donc informés. Mais au passage, ce n’est tout de même pas de chance pour les Cynthia et autres Hugo dont la seule évocation du prénom sera difficilement entendue par les proches de victimes. Mais c’est une autre histoire… 

Jésus s’est aussi donné le droit d’attribuer un nom à ce qui n’était ni une tempête ni une personne. Mais pas des moindres puisqu’il s’agit de l’argent ! Rien à voir avec les cyclones et les tempêtes me direz-vous. Oui, si ce n’est que l’utilisation de l’argent peut causer des dégâts aussi dommageables que les tempêtes ! Mal utilisé, mal pensé, mal géré, mal distribué, l’argent fait des ravages. Même là où il peut être utilisé à bon escient, l’argent, mis entre de mauvaises mains, peut provoquer nombre de catastrophes. “Entre de mauvaises mains”, voilà peut-être la raison de la personnification de l’argent faite par Jésus. Car en soi, l’argent n’est pas grand-chose de plus que du papier ou du métal coloré. Pour en avoir eu besoin lui-même, Jésus le savait ! Pour lui, l’argent n’était qu’un outil utile aux transactions de la vie de tous les jours. 

Mais la course à l’argent avait pris une telle importance que Jésus y a vu une puissance à l’œuvre, une puissance dévastatrice qu’il personnifie. Se faisant, à l’inverse des noms donnés aux ouragans, l’idée n’est pas de faciliter les communications pour avertir du danger, mais de rendre attentif, de sensibiliser à son caractère si particulier. Oui, c’est certes un outil, mais il a le pouvoir de faire croire que tout dépend de lui. Le posséder en grande quantité accorde la puissance, la gloire, tout comme le pouvoir de transformer les relations entre les humains (souvent pour le pire : exploitation, esclavage, abus de pouvoir, etc.). « Mais ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation. De nombreux désirs stupides et dangereux les prennent au piège. Ils conduisent les gens vers la mort et les détruisent. Oui, la racine de tous les malheurs, c’est l’amour de l’argent. Plusieurs l’ont trop cherché, c’est pourquoi ils se sont perdus loin de la foi. Ils ont beaucoup souffert, et c’est leur faute. » tel est le constat dressé par l’apôtre Paul (1 Timothée 6.10)… 

Au fait, nous n’avons pas encore révélé quel était le nom du baptisé ! Eh bien c’est « Mammon » ! Ouf, le nom ne figurait pas dans le top 10 des prénoms les plus en vogue ! 

Mais comme les prénoms à la mode aujourd’hui, celui-ci a une signification car Mammon en araméen, c’est la « richesse » ou même parfois la « possession ». Reste à savoir qui possède qui ? 

Peut-être que la personnification proposée par Jésus nous tiendra en état d’alerte face aux violents ouragans suscités par l’amour de l’argent…

Kévin Commere