Walter Bruce Willison

Walter Bruce Willison. À moins que vous ne soyez un fan invétéré, peut-être que ce nom ne vous dit pas grand-chose. Et pourtant, en 41 ans de carrière cet américain a fait vibrer le monde du cinéma au rythme de ses cascades dans nombre de films hollywoodiens. De Pulp Fiction en passant par Armaggedon sans oublier le 5ème élément, ou encore l’énorme saga à succès « Die Hard » (Piège de cristal, 58 minutes pour vivre, Une journée en enfer, Retour en enfer et Belle journée pour mourir) cet acteur au crâne rasé aura marqué toute une génération de cinéphile. Vous avez trouvé ? Bien sûr, il s’agit de Bruce Willis ! 

Mais comme pour tout homme, sa vie d’acteur n’a pas été uniquement couronnée de succès. Dans le monde du cinéma, comme dans bien d’autres domaines, la pression est importante. Même si l’on s’est fait un nom, les critiques peuvent aller dans un sens, puis dans l’autre. Ainsi, Bruce Willis a été nominé tant pour de formidables performances que pour, il faut le dire, des navets dans lesquels il aurait mal incarné des rôles par ailleurs sans intérêt. Au « Golden Raspberry » de 2022 (les « Razzies » !), une cérémonie prenant le contrepied des Oscars et récompensant les pires prestations, Bruce Willis a même eu droit à sa propre catégorie ! C’est dire ! En 2021, ce ne sont pas moins de huit films que les fans de l’acteur ont eu bien du mal à regarder jusqu’au bout ! Le monde du cinéma est impitoyable… 

Mais voilà, en mars 2022, la nouvelle tombe. La famille de Walter Bruce Willison, de son vrai nom, annonce la retraite de l’acteur. Ce dernier souffrirait d’aphasie, une maladie neurologique causant bien des difficultés de compréhension et d’expression. Il n’en fallait pas moins pour attendrir les fans à nouveau et de faire réagir les « Razzies » qui décidèrent alors de lui retirer leurs fameux « anti-Oscars ». Sachant que l’acteur aurait pu déjà souffrir de cette maladie lors de la réalisation de ces mauvais films, il était plus sage de ne pas se prononcer de la sorte. 

Les fans ont donc pu faire une mise à jour, et choisi de ne retenir que le meilleur de la carrière du géant du cinéma. De Bruce Willis, on ne retiendra donc que les prouesses. Pour lui, il n’y aura de place que pour les éloges. Il y a des étoiles, des « stars » qui ne meurent jamais…

Laissant le 7ème art de côté, ce choix du souvenir est interpellant. Il va sans dire que, de l’histoire d’une personne, actrice ou non, on ne pourra pas se souvenir de tout. C’est la raison pour laquelle peuvent être écrites plusieurs biographies d’un même personnage. Les perspectives et les détails, à prendre ou à laisser, font que tout ne pourra être dit. Soit dit en passant, tout n’a pas vocation à être dit ! Mais comme pour toute histoire fictive ou non, il est important de réaliser que rien n’est jamais parfait. Ainsi, que ce soit au cinéma ou au travers de lectures, il nous est impossible de nous identifier à des personnages trop impeccables ou irréprochables. Tout simplement parce qu’ils ne nous ressemblent pas ! 

Ne retenir que le bon côté des choses est tout à fait louable. Mais laisser de côté les fragilités, les échecs, les sorties de route de la personne dont on veut se souvenir ne rend pas justice à ce qu’elle a été. Cela reviendrait à nier la réalité de son humanité pour la déifier jusqu’à en faire une idole.

Dans la Bible, et dans l’Évangile en particulier, bien des Hommes sont cités comme de grands héros de la foi. Pourtant, plusieurs d’entre eux n’ont pas toujours vécu des choses bien reluisantes. Je pense aux apôtres Pierre et Paul. L’un a renié Jésus à trois reprises, l’autre a persécuté ses disciples pendant des années ! Mais tous deux, malgré leurs histoires de pieds et de bras cassés, appelés par le Christ, ont pu le servir de manière fidèle.

Nous-mêmes sommes bien fragiles, ne le nions pas ! Au contraire, Dieu aime que nous soyons vrais. C’est alors qu’il peut se servir de nous, même si nous ne sommes pas au top de la forme ! Il attend juste que nous ne nous voilions pas la face. 

Kévin Commere