« Je ne me suiciderai pas, je suis chrétien ! ». Voilà une pensée à laquelle bien des personnes en détresse se sont accrochées. Pour celles et ceux qui sont en bonne santé et sans difficulté particulière, cette phrase peut faire froid dans le dos. Car plus qu’une phrase dite à la va-vite, celle-ci est à la fois l’aveu d’une grande faiblesse mais aussi d’une force puisée dans une ferme volonté à suivre le Christ. « Je ne me suiciderai pas, je suis chrétien »…
Cette phrase est aussi devenue un dicton célèbre durant la seconde guerre mondiale. Avançant toujours plus dans leur expansion et invasion européenne, les Allemands d’Hitler commencent à s’intéresser à ce grand territoire à l’est du leur. Après avoir envahi la plupart des pays de l’ouest et du nord de l’Europe, la tentation d’aller annexer l’Union Soviétique a eu raison d’Hitler et de ses généraux. Malgré des traités de paix signés un peu plus tôt entre les deux États, les Allemands décident d’attaquer les « rouges » de Staline en frappant (symboliquement plus que stratégiquement) la ville de Stalingrad ! En effet, frapper Stalingrad, c’est s’en prendre à Staline lui-même.
Mais après une invasion rapide de l’État soviétique, les Allemands se trouvent en grande difficulté. L’hiver est redoutable, les provisions n’arrivent pas, et les tanks allemands ne peuvent plus être ravitaillés. Les Allemands se retrouvent petit à petit pris au piège face à une volonté énorme des soviétiques de défendre leur « mère patrie ». La bataille de Stalingrad est rude et les Allemands se trouvent en très mauvaise position. Le général Paulus avertira le Führer plus d’une fois en lui demandant de battre en retraite mais à aucun moment Hitler n’a pu imaginer un tel scénario. De crainte que son général s’ôte la vie, Hitler lui fait parvenir un message de la plus haute importance : voici le général Friedrich Paulus nommé Maréchal, soit la plus haute distinction pour un militaire allemand. Comprenant l’intention d’Hitler via cette promotion, le désormais Maréchal prononcera une phrase retenue par l’histoire : « Je ne me suiciderai pas, je suis chrétien ». Pourtant, le lendemain, Paulus finit par désobéir à Hitler en capitulant devant l’Armée rouge.
Prononcé dans ce cadre, ce célèbre dicton interroge. Comment un homme aussi fidèlement engagé aux côtés de l’un des plus meurtriers dictateurs de l’histoire du monde peut-il faire encore valoir son engagement chrétien ? Les milliers de vies ôtées sous son commandement n’ont-elles pas interrogé la cohérence de son « obédience » religieuse ? S’il est clair que les hommes que nous sommes sont pleins de contradictions, il semble qu’ici, on ne puisse faire mieux ! Pour nous autres modernes, cela aurait même tout d’une mauvaise farce !
Et pourtant, voilà bien de quoi nous sommes capables. Nous arrivons à tout donner pour obéir au Seigneur sur tel ou tel point sans même constater nos errances les plus aberrantes dans d’autres domaines…
Pourtant, au lieu de nous donner une liste de règles à n’en plus finir, le Seigneur Dieu a offert aux hommes deux commandements dont Jésus se souviendra comme les deux commandements les plus importants : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (cf. Matthieu 22. 24-40).
Pour résumer des lois de tous ordres (sociales, cultuelles, etc.), Jésus a donc fait simple. Et non seulement simple, mais équilibré ! Il s’agit d’amour et d’engagements verticaux (vers Dieu) et horizontaux (vers les hommes).
Quand on veut obéir au Seigneur, pas question de faire un choix entre plusieurs commandements comme s’ils étaient « à la carte ». Résister à l’idée du suicide est une bonne chose, mais un tel choix ne pourrait être entendu quand dans le même temps, on fait pleuvoir balles et bombes meurtrières. Nos contradictions n’iront peut-être pas jusque-là, mais que celle du Maréchal Friedrich Paulus nous fasse réfléchir. Et qu’à la suite de « Paulos » cette fois, nous soyons transformés par le renouvellement de notre intelligence afin de discerner ce qui est bon, agréable et parfait aux yeux de notre Dieu (cf. Romains 12) !
Kévin