Plusieurs sont en colère dans notre pays ces temps-ci. Il y a ceux qui s’insurgent contre des projets de loi, et puis il y a les pompiers ! Oui, les pompiers sont en colère aussi. J’ai récemment entendu l’un d’entre eux dire qu’ils en avaient marre de se faire agresser et violenter par certains jeunes lors d’interventions. Il se dit que si les pompiers se font agresser, c’est parce qu’ils représentent l’Etat. Et manque de chance, plusieurs sont en colère contre l’Etat…
En tout cas, les pompiers disent qu’ils ne peuvent plus travailler dans de pareilles conditions. En effet, on ne les laisse pas faire leur travail correctement et leur sécurité est menacée. Sauver des gens oui, mais se faire lyncher en plein service, non merci ! On n’est pas là pour ça disent les pompiers blessés et fatigués.
Notre société touche le fond à bien des égards. Comme si le bon sens s’était fait la malle. Quant à la réaction normale des pompiers en colère, elle me permet de mesurer un peu plus l’exceptionnelle persévérance de ce juif du premier siècle nommé Jésus.
Quoi ? Encore lui ? me direz-vous. N’en a-t-on pas marre d’entendre parler de Jésus comme s’il était au centre de tout ? La vérité, c’est que Jésus a été modèle à tant d’endroits qu’il serait difficile de faire autrement ! Qui comme Jésus aurait pu accepter des journées de travail (ministère) aussi intenses que les siennes ? À plusieurs reprises, Jésus n’a même pas eu l’occasion de s’arrêter pour manger ! À peine arrivé dans une localité et le mot était donné pour que les malades viennent à lui en vue d’une guérison. Alors qu’il était en plein sermon, des démoniaques se sont aussi jetés à ses pieds ! N’est-ce pas une preuve de harcèlement moral au travail ?!
Mais ce n’est pas tout, Jésus a dû répondre plus d’une fois de ses miracles devant les autorités juives jalouses de le voir gagner autant de disciples. A chaque intervention Jésus avait droit à son interrogatoire…
Rien à voir avec les pompiers blessés durant leurs interventions, me direz-vous. Pas si vite ! Disons que pour Jésus, comme pour les pompiers, les choses n’ont pas commencé tambour battant. Les débats avec les religieux auraient pu s’apparenter aux cris ou aux insultes des jeunes des quartiers devant les soldats du feu. Quant aux jets de pierre et autres projectiles à l’encontre des pompiers ils pourraient s’apparenter aux risques courus par Jésus quand, par exemple, il dut quitter la foule in extremis alors qu’on voulait le jeter du haut d’une falaise et le laisser pour mort. À son époque, beaucoup ne voulaient pas non plus de ce que Jésus représentait : la grâce et la liberté !
Risquer sa vie pour en sauver d’autres oui, mais se faire lyncher en plein service, non merci ! Cette phrase, Jésus aurait pu la prononcer plusieurs fois ! À tout moment il aurait pu jeter l’éponge et se retirer.
Pourtant, à l’un des rares moments de sa vie (sinon le seul) où il jouira d’une garde rapprochée (un peu comme les pompiers lorsqu’ils sont accompagnés de policiers), Jésus dit à ses disciples prêts à manier l’épée pour prendre sa défense : « laissez faire, même ceci » (Luc 22. 51).
La suite est connue de tous. Non seulement, Jésus va se faire arrêter, insulter, mais aussi se faire violenter de la plus basse des manières. Le lendemain, il sera traduit en « justice » et sera condamné à mort. Tout ça parce que, tel un pompier, il voulait sauver des vies.
À dire vrai, il n’y a pas de véritable comparaison entre Jésus et les sapeurs-pompiers. Mais si la situation des sapeurs-pompiers me révolte tant, quelle devrait alors être ma réaction en entendant l’Évangile ? Bien sûr, l’histoire de Jésus ne fait pas régulièrement le 20h. Mais pour autant, ai-je vraiment compris ce que Jésus a vécu, ai-je vraiment compris ce que Jésus a fait ?
Si tous, nous parvenons à nous mettre à la place des pompiers et nous révolter de leurs conditions de travail, tentons aussi de nous mettre dans les sandales du Christ. Cela nous aidera sûrement à remettre en perspective ce verset si important : « A peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être aurait le courage de mourir pour un juste. Mais en ceci Dieu prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs ». Romains 5. 7-8.
Kévin