Superfétation ?

Les chrétiens ont l’habitude de renseigner un verset biblique accompagnant les faire-part de naissance envoyés aux familles et amis. Parmi le top 3 des versets choisis celui du Psaume 139 : « Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et je le reconnais bien ». C’est vrai que le moment de la naissance a souvent de quoi laisser pantois. Surtout lors d’un premier accouchement, et que maman et bébé sont en « bonne santé ». 

Nous sommes donc des créatures merveilleuses, dit le texte biblique. L’être humain est en effet “fabriqué” de telle sorte que nous avons bien des raisons d’exprimer notre gratitude. Malheureusement, c’est souvent quand notre corps dysfonctionne que nous nous rendons compte de tous les bienfaits originels dont nous pouvons être privés. Mais c’est là qu’intervient… la science ! Les progrès de cette dernière font avancer les choses à une vitesse folle ! Ainsi, ce qui posait problème il y a des dizaines, des centaines ou des milliers d’années n’est plus aussi effrayant. Des personnes sourdes de naissance ont pu, par des procédés technologiques dont je ne pourrais guère rendre compte ici, entendre des choses pour la première fois de leur existence. De même, des verres spéciaux ont été inventés pour les personnes souffrant de certaines dyschromatopsies. Plusieurs personnes daltoniennes ont ainsi pu bénéficier d’une amélioration de leur perception des couleurs. 

Mais il y a plus ! Au rayon gestation, de nouveaux procédés sont régulièrement trouvés pour que des femmes ou couples stériles puissent, avec un peu d’aide scientifique, « concevoir » leurs propres enfants. Depuis les années 1980, la fécondation in vitro a donc permis à plusieurs couples de chercher quoi écrire sur leurs faire-parts ! Mais voilà, tout n’est pas rose pour autant. « En 2020, en Ouganda, une femme a accouché d’un garçon puis d’une fille conçus à deux mois d’intervalle. » nous dit le magazine Ça m’intéresse. Voilà qui a de quoi étonner, et enrichit au passage mon faible vocabulaire d’un mot nouveau : superfétation ! C’est donc le fait de tomber enceinte alors qu’on l’est déjà ! Dans le cas de cette femme ougandaise, chaque enfant avait un père différent ! On imagine le mari loin des airs de fête à la nouvelle de cette…superfétation !

Le magazine continue : « Les causes de ce phénomène sont mystérieuses. Seule piste : la plupart des cas de super­fétation surviennent chez des femmes ayant conçu par PMA ou pris des médicaments stimulant l’ovulation. ». Certaines avancées ont aussi des revers de médailles ! 

Qu’est-ce à dire ? Faut-il donc se passer de toute aide non « naturelle ». Faut-il avoir uniquement recours aux solutions « bio » et ainsi faire le deuil de tout ce que nos corps ne sont pas ou plus en capacité de nous faire bénéficier ? Des équilibres sont à trouver. Mais forcés de constater que l’homme veut prendre le contrôle sur tout et ainsi afficher sa toute-suffisance, plusieurs, chrétiens compris, s’inquiètent des dérives possibles. Qui donc l’emportera entre les transhumanistes et les conservateurs ? L’avenir nous le dira. 

En attendant, il est intéressant de noter à quel point le premier chapitre du premier livre de la Bible peut se révéler éclairant. Dans ce chapitre dit de « création », est fait mention des premières œuvres de Dieu. Celles-ci sont en fait des actes d’organisation d’une matière « informe et vide » (tohu-bohu en hébreu). C’est, si on veut bien le comprendre ainsi, l’anarchie cosmique ! Dieu intervient donc avec précision pour organiser l’ensemble et ainsi donner des limites à la terre, au ciel, au jour et à la nuit, etc. Avec Dieu, rien n’est mélangé. Au contraire, chaque chose a sa place sans que celle-ci dépasse certaines limites. N’est-elle pas là la vraie question finalement ? Car si l’être humain est un être fini (par opposition à infini), ne doit-il pas, lui aussi, respecter des limites à ne pas franchir ? Difficile question… Mais avant d’y répondre, tout un chacun pourra déjà méditer sur les paroles du prophète Michée : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. ». Entre humilité et toute puissance scientifique, les conséquences ne sont pas identiques…

Kévin Commere