Nuances de gris…

« Je vois la vie en rose ». Voilà ce que chantait Édith Piaf en 1946. Depuis, si la chanson est passée dans l’héritage de la culture française et que bien des amoureuses en connaissent les paroles par cœur, je ne suis pas sûr qu’on puisse prendre le titre au pied de la lettre !

Amoureux ou non, le monde d’aujourd’hui nous apparaît moins sous de belles couleurs rosées qu’en monochrome ! Oui, les guerres menées ici et là, la crise climatique et la gestion des ressources de la planète sont autant de facteurs nous empêchant de toujours voir le monde en couleurs…Mais je m’éloigne. 

Si nous voyons en monochrome ce n’est pas à cause des mauvaises météos sur qui nous jetons trop souvent la faute, mais c’est plutôt dû aux infrastructures urbaines ! N’avez-vous pas remarqué à quel point elles manquent de couleur ? 

On pourra toujours me faire remarquer que dans certaines communes, on peut apercevoir des maisons aux couleurs tellement vives que c’est à se demander si les propriétaires avaient bien les yeux en face des trous au moment de choisir la teinte de leur façade. Mais cela reste tout de même l’exception…

Comme l’ont démontré plusieurs études, notre monde se construit en jouant de moins en moins sur les couleurs. Le phénomène est notamment étudié dans les grandes villes. Qu’elles soient américaines, australiennes ou autres, ces mégalopoles ont choisi leur camp : des nuances de gris s’il vous plaît !

Ce phénomène a également été observé pour les logos des grandes marques, mais aussi pour les vêtements ou les voitures. Côté automobile, on peut d’ailleurs noter que les voitures blanches et noires se vendent plus facilement que les voitures colorées. Et comme le chat se mord souvent la queue, sachez que les assurances sont également moins coûteuses pour les voitures blanches. Dans de pareilles circonstances, le choix est vite vu !

Loin de moi l’idée de continuer le débat philosophique sur l’utilisation de la couleur dans notre société, mais la réflexion existe bel et bien. Ainsi le terme « chromophobie » a pu voir le jour, désignant alors plutôt le « rejet » des couleurs plutôt qu’une « phobie » véritable comme celle des araignées, de la vue du sang ou des serpents. Mais ce rejet des couleurs, cette chromophobie, est tout de même assez significative pour être signalée. Certains jugent les couleurs vulgaires, peu raffinées. D’autres iront jusqu’à dire que les couleurs sont immatures ! Voici peut-être la raison pour laquelle les habits beiges, gris, blancs et noirs sont plus en vogue aujourd’hui. C’est qu’il faut paraître sobre, adulte, classe, passe-partout. Sortir du lot n’est jamais bien vu. Mieux vaut rentrer dans le rang… comme à l’armée !

Ces couleurs que nous évitons, c’est pourtant tout ce dont la nature est dotée et ce qui nous émerveille. Prenons le ciel par exemple ! Techniquement, il n’est d’aucune couleur, mais quel enchantement lorsqu’il nous apparaît dans ses différentes teintes ! Et que dire des aurores boréales dont les lignes pourraient faire penser aux traits d’un artiste ? Et les couleurs des arbres changeant au fil des saisons ?

En baissant la tête, ce sont aussi des couleurs que l’on aperçoit dans nos assiettes ! Les légumes, les fruits, les épices, tout est coloré ! Pour ainsi dire, visuellement, rien n’y est… fade ! 

Fade, invisible. C’est tout autrement que Dieu a voulu le monde. Si nous pouvions l’interroger (Dieu), il nous dirait à quel point il s’est régalé de créer les choses de formes, de couleurs et de goûts différents. 

C’est donc en toute logique qu’il souhaite que nous soyons pleins de saveur. Des hommes et des femmes dont l’état d’esprit, tourné vers Dieu, l’Artiste aux milles pinceaux, peut faire la différence dans un monde aux nuances de gris. “Vous êtes la lumière du monde, dit Jésus, que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux.” (Matthieu 5.14-16)

Kévin Commere