La rentrée scolaire n’est pas si loin derrière mais lorsque je dépose mon fils à l’école maternelle, il m’est encore donné d’entendre quelques enfants pleurer. Ah, l’école maternelle ! Tout y est possible, des élans de générosité les plus mignons aux crises les plus difficiles. Entre ces deux extrêmes il y en a véritablement pour tous les goûts ! C’est très agréable pour les parents dont les enfants n’ont aucun problème à être déposés plusieurs fois par jour à l’école. Mais pour les autres, cela peut vite tourner au cauchemar ! Et ce alors que parents et enfants sont bel et bien réveillés ! Et que dire du maître ou de la maîtresse qui doit jongler avec toutes ces émotions ?
Ce sont les crises difficiles qui m’intéressent ici. Et notamment une petite phrase entendue à maintes reprises : « Arrête de pleurer ! » ! Qui n’a jamais entendu cette phrase dans la bouche d’un parent énervé, frustré ? Qui n’a jamais prononcé cette phrase ? Oui, que vous soyez parents ou non, tontons ou tatas, frères ou sœurs, il est quasiment impossible de ne pas avoir entendu ou prononcé ce cri venant malheureusement du cœur.
À lui seul, ce cri traduit les nombreuses frustrations, situations de stress ou de colère emmagasinées par celui ou celle qui l’exprime. Mais simple témoin dans les couloirs de l’école, ce cri me fait toujours un peu mal. Surtout quand celui-ci se fait de plus en plus fort. Comme si le passage du mezzo forte au double fortissimo pouvait renverser la situation ! « Arrête de pleurer » devenant au passage « arrête de pleurer j’te dis » ! Seul changement opéré : montée en gamme des pleurs de l’enfant…
Il est intéressant de constater que, souvent, celui qui demande alors l’arrêt des pleurs se veut au centre de l’histoire. En effet, c’est lui qui est dérangé par les pleurs. Ou pire, s’il pousse ce cri, c’est parce qu’il pense que les raisons qui amènent l’autre à pleurer (enfant ou non) ne sont pas valables. Naît alors le « combo », la combinaison que nous connaissons bien : « arrête de pleurer, ce n’est pas grave ! ». Mais une question me taraude… Qui nous dit que ce n’est pas grave ? Pourquoi pleurer à chaudes larmes pour quelque chose qui n’en vaudrait pas la peine ? Bien sûr, nous n’avons pas tous la même résilience pour faire face à des situations plus ou moins douloureuses. Certains pleurent pour des choses qui ne m’auraient pas affecté plus que cela. Mais se mettre dans les baskets de l’autre est toujours un exercice intéressant. Bien plus que de simplement demander à la personne concernée d’arrêter mécaniquement de pleurer.
D’ailleurs, qui nous dit que le problème se réglera dès l’arrêt des pleurs ? Non, le cri que nous poussons souvent contre nos enfants, épouses / époux, etc., n’a rien de magique…
Que dirait le Seigneur Jésus ? Dans l’évangile de Luc, pris de pitié devant un convoi exceptionnel d’un jeune homme que l’on s’apprête à en enterrer, Jésus s’adresse à la maman du garçon. Ici, cette femme, veuve, a toutes les raisons au monde de pleurer. L’enfant qu’on met en terre était son unique garçon. Son précieux. C’est alors qu’elle s’entend dire : « Ne pleure plus ».
Même si les phrases se ressemblent, ce « ne pleure plus ! » n’a rien à voir avec le cri dont nous parlions tout à l’heure. Cette fois-ci, c’est la douceur et la compassion qui s’expriment en cet instant. Et plus que cela, c’est la confiance ! Confiance de Jésus en l’amour et en la puissance de son Père pour ramener les morts à la vie. Puissance qu’il partage divinement.
Dans l’évangile c’est donc un « ne pleure plus » qui est la volonté de Jésus à ne plus voir les ravages du mal sur la vie des hommes et des femmes que nous sommes. C’est un « ne pleure plus » qui ne peut être prononcé que par celui qui entrevoit la solution. Et c’est le cas ! “Jésus s’avança et toucha le cercueil ; ceux qui le portaient s’arrêtèrent ; et il dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, réveille-toi. » Alors le mort s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.” (Luc 7)
Il est évident que face à tous les maux de la terre nous avons le droit de pleurer. Jésus lui-même pleura. Mais comme pour cette femme, viendra un jour où Jésus nous invitera à ne plus pleurer. Car c’est à nous aussi qu’il donnera la vie à jamais ! En attendant, voilà une occasion de pleurer… de joie !
Kévin