Le Dieu juge

Il paraît normal de prendre la défense de quelqu’un, surtout quand celui-ci est un être cher. Certains sont même capables de voler au secours d’un inconnu en difficulté. Ce n’est pas toujours le cas, mais Dieu merci, cela arrive tout de même régulièrement. 

Force est de constater que les chrétiens ont exactement le même réflexe lorsqu’il s’agit de Dieu, au risque de se mêler de ce qui ne les regarde pas tout à fait. Oui, ils n’hésitent pas une seconde à voler au secours de Dieu lorsque celui-ci est menacé, mal compris dans son identité ou dans son projet pour l’humanité ! L’idée peut paraître absurde ! Tous les chrétiens diront que Dieu n’a aucunement besoin de notre aide. Mais en réalité nous avons bel et bien ce réflexe.

Si je vous disais que Dieu n’est pas parfait, vous voleriez à sa défense Bible en main pour me prouver que j’ai tort. Dans nos élans de générosité nous sommes prêts à prendre la défense du Seigneur. Et tant mieux, c’est que nous l’aimons notre Dieu !

Ainsi nous n’arrivons pas à rester silencieux lorsque nous lisons ou entendons que Dieu est un dieu juge duquel il vaudrait mieux se tenir à l’écart. Un dieu juge, inaccessible et froid, n’est pas attirant, pas intéressant. Les gens ne veulent pas de ce « dieu ». Alors, en « bons chrétiens », nous bondissons à sa rescousse.

Pourtant… quand nos contemporains disent que Dieu est un juge, ils n’ont pas tout à fait tort ! Ils ont même raison ! Mais c’est sans s’apercevoir que le jugement divin n’est pas uniquement synonyme de sentence ou de condamnation. Juger, c’est aussi apprécier. Juger, c’est aussi évaluer, c’est aussi estimer, etc. Et tout cela, nous le faisons à longueur de journée ! Sans que cela gêne quelqu’un… 

Alors pourquoi s’offusquer du fait que Dieu juge ? Que sont nos « likes », nos pouces en l’air, nos ajouts d’étoile à tel ou tel restaurant ou hôtel pour signifier notre appréciation ? Ne sont-ce pas là des signes de notre jugement, de notre appréciation, de notre évaluation ? Et, tout en laissant les réseaux sociaux de côté, que dire des notes que nous avons obtenues tout au long de notre scolarité, ou que nous obtenons encore au travail pour des objectifs atteints ou non ? 

Le créateur de toutes choses n’est-il pas suprêmement légitime pour juger de ce que sont et font les êtres qu’il a créés ? Cela donnerait toutefois le vertige ou maints maux de ventre, vous avez raison. Que le Dieu parfait puisse juger mes œuvres et mon être entier aurait de quoi me « stresser » bien plus que mon prochain examen de formation musicale…

Heureusement, le Dieu que l’on juge froid et inaccessible ne veut pas laisser mon histoire se terminer sur une mauvaise note. Plutôt que de juger encore et encore tout en sachant que personne ne saurait être à la hauteur de sa divine appréciation, Dieu s’est manifesté pour venir au secours des humains. Dans sa miséricorde et sans que nous le méritions, le Dieu juge a voulu prendre notre défense. Et c’est en Jésus-Christ qu’il l’a fait. En Jésus, le Dieu réputé froid et inaccessible n’a pas voulu juger le monde mais le sauver (Jean 3.17). 

Pourquoi ? Pour quelle raison ? Aucune ! Aucune si ce n’est parce qu’il est Amour et qu’il « a tellement aimé le monde […] » (Jean 3.16). Rien d’autre que l’amour divin ne saurait expliquer cette décision. Celui qui avait tout pouvoir de juger avec autorité a porté le jugement. La condamnation que nous méritions est tombée sur lui afin que, pardonnés, nous en soyons libres, exemptés. Grâce infinie ! 

On continuera sans doute à me dire qu’il vaudrait mieux ne pas croire en un dieu qui juge. Mais sans m’offusquer, et sans voler au secours du Seigneur, je répondrai que non seulement Dieu juge, mais qu’il a aussi pris ma défense ! Et que pour cela… j’ai jugé Dieu digne de louanges ! À lui soit la gloire ! 

Kévin Commere