On a souvent l’impression que pour les pasteurs tout est facile. J’ai d’ailleurs bien pris note de la célèbre boutade à l’encontre des pasteurs : « C’est bien simple, ils sont invisibles pendant 6 jours et incompréhensibles le 7ème ! ».
Dans une certaine conscience collective, les pasteurs sont ceux qui passent du temps dans leur bureau et se donnent entièrement à Dieu dans la lecture et la méditation. Qu’ils sont privilégiés ces pasteurs ! Et ils sont payés pour ça en plus ! 
Alors quand ils disent qu’ils n’ont pas réponse aux questions théologiques de leurs paroissiens, ou pire, qu’ils ne comprennent pas tel ou tel texte de l’Écriture, cela a de quoi faire froncer quelques sourcils…
Pour ma part je n’ai aucune peine à dire que je ne comprends pas tous les textes bibliques. Et même, pour le dire franchement, il y a des textes et des histoires que tout le monde connaît par cœur et qui pourtant me posent parfois question. À dire vrai, le texte du jeune homme riche, et surtout les explications, prédications que j’ai entendues à ce sujet ne m’ont jamais véritablement suffi.
Quel est le problème de ce jeune homme, est-ce vraiment une question d’argent ? Le texte semble aller dans ce sens (Marc 9. 25 : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » dit Jésus). Et pourtant, on sait bien que plusieurs personnes, plutôt fortunées, entouraient Jésus et le servaient (cf. Luc 8.2) ! Il n’y a donc rien d’incompatible à être riche et à suivre Jésus ! Mais pourquoi ce jeune homme devait-il alors tout vendre ? 
Je ne dis pas que tout ce que j’ai entendu jusque-là sur ce texte est faux, loin de là, mais j’ai toujours eu le sentiment de rester sur ma faim. Jusqu’à ce que je prenne un peu de distance et découvre que le texte du jeune homme riche est encadré par le mot « enfant » ! 
L’histoire qui précède ce texte nous parle des enfants.Jésus s’indigne (rien à voir avec la façon dont on le cite aujourd’hui !) parce que ses disciples ne les laissent pas venir à lui.
J’ai souvent entendu que les enfants étaient pris comme modèles à cause de leur sincérité et leur facilité à croire en Dieu. Mais je crois qu’il est surtout question de dépendance ! Les enfants sont ceux qui savent qu’ils ne peuvent trouver la vie par eux-mêmes, ou rester en vie par eux-mêmes. Pour eux c’est évident, tout leur vient des parents dont ils sont complètement dépendants ! 
Le problème du jeune homme riche est-il là, lui qui a respecté tous les commandements depuis son jeune âge ? S’il ne peut pas tout vendre et suivre Jésus, c’est peut-être parce que, depuis son jeune âge, il a dû apprendre à tout faire tout seul. Apprendre à se débrouiller tout seul pour sincèrement gagner sa vie, obéir aux commandements, et trouver… la vie éternelle…
La vie du jeune homme a de quoi émouvoir Jésus qui donne gratuitement. D’où peut-être ce regard d’amour envers lui (v.21).
Jésus l’invite à tout vendre. Tout vendre parce qu’en vendant tout, il apprendrait la dépendance. Comme un enfant. Il apprendrait à recevoir, à compter sur, à dire merci. C’est le défi qui était devant lui. Espérons que la vie lui ait appris cela avant qu’il ne soit trop tard. Pour nous il est encore temps. Même si comme les disciples nous ne comprenons pas forcément tous les textes ou toutes les exigences de Jésus, il nous appelle ses « enfants » (v. 24) et nous invite, quelle que soit notre richesse, à toujours plus dépendre de Lui ! 
Kévin Commere