Les éponges sales !

Vous êtes-vous brossés les dents après votre repas aujourd’hui ?

La question est un peu brutale… Pas un jour sans que je pose la question à mes enfants ! Comme si c’était devenu une hantise pour moi que les envoyer à l’école sans qu’ils soient tout à fait propres. Si les traces de chocolat et de confiture sur le visage d’un jeune enfant le rendent tout à fait photogénique, j’ai tout de même des doutes quant à la découverte de tels indices par les copains de classe.

Autre question si vous le permettez : avez-vous lavé votre brosse à dents après l’avoir utilisée ? Quand je vois l’état des brosses à dents de mes enfants, je pousse parfois quelques soupirs. En les voyant (les brosses !) je me dis qu’ils sont incorrigibles (mes enfants !), qu’ils font les choses trop vite, machinalement. Et par le fait, la propreté des outils utilisés laisse parfois à désirer.

Et puis en prenant un peu de recul, en utilisant ma salle de bains ou  ma cuisine, je me rends compte d’une chose : finalement, mes brosses et mes éponges ne sont pas si propres que ça ! Et pourtant Dieu sait que je ne fais pas les choses en quatrième vitesse comme mes enfants. Ainsi il m’est arrivé de nettoyer une éponge avant de l’utiliser, et il arrive souvent à ces dames de nettoyer leurs brosses avant de coiffer leurs cheveux (ce qui ne risque pas de m’arriver !). 

Je constate alors que les outils avec lesquels on lave les choses sont aussi les plus sales ! Ma brosse à dents, la brosse des toilettes, les éponges de toutes sortes, les brosses à cheveux, etc. Assez étonnant pour être signalé n’est-ce pas ?

Difficile à imaginer mais j’y vois une analogie avec la croix de Jésus. On a beau parler de la croix et mettre des croix un peu partout dans les lieux dits chrétiens, il faut se souvenir que les crucifixions n’ont rien d’esthétique ! C’est même le contraire ! 

L’une des raisons pour lesquelles les Évangiles ne parlent pas si souvent de la croix peut être trouvée dans le fait que tous ceux qui vivaient à cette époque savaient très bien l’horreur que c’était. Pas besoin d’en parler sous tous les angles, pas besoin d’en préciser les détails. Le mot « croix » annonçait déjà la couleur car la crucifixion… c’était une horreur ! Ce n’était pas beau, c’était bien plus répugnant et insupportable que toutes les éponges.

Malgré les témoins présents aux côtés de Jésus lors de sa mise en croix, j’imagine que la séquence n’était pas belle à voir. J’imagine que les yeux se sont fermés comme pour refuser le mal qui était infligé au Seigneur. J’imagine que les yeux se sont fermés face à la violence, à l’injustice, au péché des hommes. 

Pourtant, et c’est là l’intérêt de l’analogie ; l’horreur de la croix, donc de la mort de Jésus, est le moyen utilisé pour laver, purifier toutes les impuretés. C’est là le message central de l’Évangile ! Oui, la croix est tout ce qu’il y a de plus répugnant, c’est la malédiction même, c’est le poids du péché du monde, mais c’est aussi l’outil utilisé pour faire disparaître ce péché à jamais ! 

Ainsi la croix ressemble à cette éponge qui absorbe pour tout nettoyer. De la même manière, Jésus a « absorbé » sur lui le péché du monde. Et comme une éponge que l’on serre vigoureusement pour en extraire le contenu, Jésus a été serré, étouffé à en mourir. C’est ainsi que, porté par et jusque dans la mort de Jésus, mon péché meurt à la croix, il disparaît, il n’est plus. 

Mais comme une éponge qui reprend sa forme après avoir été utilisée, Jésus, après avoir été mis à mort, est revenu à la vie ! Les traces de sa mort n’ont pas été effacées, mais Lui est bien ressuscité ! 

Derrière mon évier de cuisine ou mon lavabo de salle de bain, je pourrai, comme le frère Laurent, moine cuisinier français du 17è siècle, rappeler l’œuvre de Jésus pour moi. Et serrant mes éponges je pourrai m’exclamer : mon péché a été porté, évacué, et grâce à Jésus je suis pardonné ! 

Kévin Commere