Un message universel

Texte de référence : Jean 19. 17-22

Nous voici à l’issue du verdict. Ployant sous la pression de la foule rassemblée, Pilate a fini par livrer Jésus pour qu’on le crucifie. L’application de la sentence ne tarde pas non plus et voici Jésus portant sa croix sur le chemin de Golgotha. C’est là qu’il se fera crucifier, entre deux malfaiteurs.

Comme si toutes les moqueries, les insultes et les coups déjà subis n’étaient pas suffisants, Jésus doit encore porter, juste au-dessus de sa tête couronnée, l’équivalent d’une note explicative : ”Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs”. Tel quel, cet écriteau n’avait rien de surprenant car tous les suppliciés devaient ainsi être “décorés” du motif de leur condamnation. Ceci afin de refroidir quiconque tenterait de commettre le même crime. Le crime de Jésus ? Avoir été le « roi des juifs »… Hérode aurait pu sourire à cette épitaphe, d’autres aussi… Mais sous la plume de Jean, deux détails laissent entendre une autre voix.

Le premier est que Jean a été le seul évangéliste à garder ce fait en mémoire. Bien que tout le monde soit pressé d’en finir, Pilate prend tout de même le temps de rédiger l’écriteau en trois langues différentes ! Voulait-il ainsi comme dans une litanie se recueillir en répétant trois fois la même chose ? Sûrement pas. Par contre, il voulait que cet écriteau en hébreu, latin et grec, puisse être lu par tous. L’hébreu pour les judéens, le latin pour les officiers romains, et le grec pour les populations de tout l’empire (non juifs compris). Plus qu’un motif d’accusation ou une épitaphe, Pilate aura écrit un manifeste à portée universelle ! Cela d’autant plus que les crucifixions avaient lieu sur la place publique, visibles du plus grand nombre. 

La deuxième précision est la relecture qu’en font les religieux juifs. Ceux-ci, ayant bien compris à quel point le texte pourrait les desservir, – Jésus est bel et bien le Messie en qui ils refusent de croire ! – interpellent Pilate. Mais ce dernier, agacé par les demandes répétées des grands prêtres, refusera toute modification : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ». 

Motif d’accusation, épitaphe ironique, ou manifeste universel “gravé dans le marbre” ? 

Dans ces heures sombres, un écriteau indélébile rédigé en trois langues fait entendre la discrète voix du Dieu qui ne saurait perdre la main sur la conduite de l’histoire. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere