C’est la rentrée !
S’il faut rentrer, c’est que nous étions sortis et que la sortie ne pouvait pas durer. On dit aussi que c’est la reprise. Reprise, cela évoque « repris », repris comme des évadés de prison. Est-ce pour cela qu’on parle des vacances comme un moment d’évasion ? Juste un temps limité avant d’être repris. Repris et réintégrés dans notre statut de prisonniers. La liberté tellement vantée ne serait donc qu’un leurre. Et les vacances, juste un dérivatif pour oublier ?
Rentrée, reprise des activités : pas le choix, c’est obligatoire, le travail reste le centre de la vie. Le travail ! Le mot est lâché… ce serait donc lui le responsable de notre servitude. Pourtant, sans temps de travail, pas de temps de vacances et donc de liberté. Un cercle vicieux dont il est impossible de s’échapper. C’est donc cela notre sort sur la terre ?
A y regarder de plus près, même vacances et liberté ne font pas forcément bon ménage. Dans nos pays où le temps accordé aux congés est un sujet majeur, la préoccupation est d’organiser ce temps. Beaucoup s’affairent à structurer cette période de liberté supposée. N’y eut-il pas en France un Ministère du Temps Libre ? Bienheureux Ministre ! En tout cas, c’est avéré : la fréquentation de lieux de vacances est liée aux activités qui y sont organisées. Pourtant la liberté ne naît-elle pas quand aucune sollicitation extérieure n’envahit notre intimité ?
Elle est complexe cette équation aux multiples paramètres : liberté, vacances, travail, repos…  Bien des têtes pensantes s’y sont penchées, sans arriver à trouver la solution idéale. En attendant, on se contente d’équilibres toujours imparfaits.
Cela préoccupe aussi notre Créateur, depuis le jour où les hommes ont décidé de régir eux-mêmes leurs choix de vie et donc leurs emplois du temps. Ils ont été prévenus que ce serait pénible, mais comment résister à la suggestion d’évasion d’un Jardin dont ils pensaient avoir fait le tour ?
De rébellions en déceptions, ils ont fini par se plier de plus ou moins bon gré à un code du travail… et des congés. Un code en quelques articles proposés par le Seigneur : un jour de repos par semaine et plusieurs semaines de vacances dans l’année pour se retrouver à manger et boire, chacun partageant avec les autres les fruits de son travail (Exode, Deutéronome,…). Des temps de repos destinés d’abord à se réjouir de la bonté de Dieu à qui l’on doit tout. Une façon de ne pas se laisser mettre en laisse par la tentation de la performance, dans notre travail comme dans nos vacances.
Si pour une fois nous renoncions à rentabiliser notre temps en accumulant les activités. Si pour une fois nos vacances ne rimaient pas avec  performance. Si pour une fois la rentrée ne signifiait pas donner un coup de collier pour rattraper le temps consacré aux vacances… jusqu’aux prochains congés… Le Seigneur aimerait tellement nous voir plus sereins, insérés dans le rythme qu’il désire pour nous.
Pierre Lugbull