Il paraît qu’un vocabulaire minimum de 500 mots est nécessaire pour mener une vie sociale normale. Encore faut-il savoir quels sont ces mots indispensables. La liste sera bien différente si nos relations sont cadres d’entreprises ou occupants à plein temps de la rue. Pourtant, quel que soit notre environnement, un mot au moins est commun : canicule.
Ce mot ne recouvre pas forcément les mêmes réalités. Catastrophe mortelle pour les statisticiens, pain béni pour les professionnels des plages. Une certitude cependant : il faut s’en protéger. Et pour survivre aux excès de chaleur, le moyen plébiscité : la climatisation. Tant pis pour le gouffre énergétique, la vox populi a parlé, la conscience écologique attendra des jours meilleurs.
Il a fallu attendre le 18ème siècle avec les thermomètres pour des mesures précises. Ainsi, les statistiques de 1793 font état de températures oscillant pendant près d’un mois entre 34 et 40°. Et ceci bien avant la réverbération du béton et du macadam. Mais on ne parlait pas encore de canicule.
Le 21ème siècle a découvert les terribles canicules qu’aucun homme n’a vécues jusqu’ici. Il serait heureux Varron de constater la justesse de ses vues. Ce Romain, contemporain de César avait en effet remarqué que la brillante étoile Sirius se levait et se couchait en même temps que le soleil dans la période juillet-août. Il en déduisit qu’elle devait « allumer l’ardeur du soleil » pendant cette période.
Quel rapport avec la canicule ? Elémentaire ! Sirius fait partie de la constellation du Grand Chien. A l’époque romaine, on la nommait Canicula, soit « petite chienne ». Logique… Eh oui, notre canicule doit son nom à nos amis canins ; un vrai temps de chien ! Voilà ce qui arrive quand on ne dispose pas d’un vocabulaire de plus de 500 mots… La canicule, c’est un temps de chien… Pourtant un temps de chien, ce n’est pas la canicule. On parle souvent de l’humour anglais ; est-ce en référence à la canicule qu’ils ont créé le hot dog (chien chaud) ?
Rassurez-vous, nos amis canins sont protégés, on ne va pas les laisser cuire. Les tapis réfrigérants pour chiens sont arrivés ; ils les aideront à affronter les fortes chaleurs. L’équivalent ne semble pas exister pour les personnes âgées, mais, que voulez-vous, on pare au plus pressé.
La Bible parle déjà de chaleurs extrêmes, telle celle vécue par les Hébreux dans le Sinaï : « Le peuple a soif ; il dit : ‘Est–ce que tu veux nous faire mourir de soif ?’ » (Exode 17:3). Pourtant, dans ce désert caniculaire, Dieu guidait son peuple vers la liberté.
Aujourd’hui encore, son souci est le même : « Celui qui met sa confiance en moi, je le bénis.  Il ressemble à un arbre planté au bord de l’eau. Quand la chaleur arrive, il n’a peur de rien, ses feuilles restent toujours vertes. Même une année de sécheresse ne l’inquiète pas » (Jérémie 17:7-8)
Mais, comme les Hébreux d’autrefois, on préfère râler sur les désagréments passagers.
Pierre Lugbull