Le « peut-être » de Caleb

Texte de référence Josué 14. 6-12

Nous voici ici dans le pays promis par Dieu à Abraham, Isaac et Jacob. La sortie d’Égypte a eu lieu par l’intermédiaire de Moïse, instrument entre les mains du Seigneur, puis après les 40 années d’errements dans le désert, le peuple de Dieu est enfin arrivé dans le pays. Mais y mettre un premier pied n’était pas suffisant, il fallait pleinement y entrer. Ce “pays”, cette terre, il fallait même la prendre et donc déposséder les nations qui y vivaient. Car c’est ainsi que le Seigneur avait choisi de juger ces nations impies et injustes. 

Mais après autant d’années passées dans le désert, sans habitation véritable, le peuple aspire à un peu de repos et ne semble pas tout à fait prêt à suivre les commandements du Seigneur. Tout le peuple ? Non, presque tout le peuple. Car Caleb, contemporain de Moïse illumine le récit par sa fidélité à Dieu. Ainsi, alors qu’il reste bien des territoires à conquérir, Caleb se souvient de la promesse de Dieu à son égard : la ville d’Hébron, tant redoutée à cause de ses impressionnants habitants, serait à lui. Caleb rafraîchit donc la mémoire au successeur de Moïse, Josué (cf. verset 12) : « Donne-moi donc cette montagne dont le Seigneur a parlé en ce jour-là […] Peut-être le Seigneur sera-t-il avec moi et j’en prendrai possession comme le Seigneur l’a promis. ».

C’est le « peut-être » de la déclaration de Caleb qui m’intéresse. Comment un homme de foi pourrait-il dire « peut-être » en se rappelant la promesse de Dieu à son égard ? Eh bien justement, ce « peut-être » est l’expression de sa compréhension de la souveraineté de Dieu. Ce n’est pas une compréhension qui l’amène à forcer Dieu : puisque tu es souverain, fais ce que je te demande !  Non, Caleb sait que la souveraineté de Dieu peut l’amener à vivre des choses qui pourraient ne pas lui convenir. Le « peut-être » dans la bouche de Caleb est donc sa manière de comprendre la totale liberté du Seigneur à agir comme Il lui plaira. 

Et nous ? Lorsque nous parlons de souveraineté de Dieu, n’avons-nous pas en tête la façon dont Dieu a pourvu à notre bien et à notre salut. En revanche, nous appelons « mystère » ou « silence » de Dieu ce qui n’est pas allé dans notre sens ou ce que nous n’avons compris… 

À première vue le « peut-être » de Caleb n’est pas grand-chose, voire même négatif. Mais au final, il dit beaucoup ! Il est rempli de foi et d’acceptation de la volonté du Seigneur. Il dit en somme : Quelle que soit ta volonté, tu es Dieu. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere