Jeudi (Temps de Pâques)

« Les grands prêtres et tout le sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour le faire mettre à mort. Mais ils n’en trouvèrent pas, quoique beaucoup de faux témoins se soient présentés. […] Le grand prêtre lui dit : Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : C’est toi qui l’as dit. Mais, je vous le dis, désormais vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. Alors le grand prêtre déchira ses vêtements en disant : Il a blasphémé. Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Qu’en pensez-vous ? Ils répondirent : Il est passible de mort. » Matthieu 26.59- 60 ; 63-68.
Il y a mentir et mentir. Ce n’était pas tout de vouloir condamner Jésus, il fallait encore trouver le bon motif d’accusation ! Et pour cela, même des faux témoins et faux témoignages préparés d’avance n’étaient pas suffisants pour obtenir l’amen final des grands prêtres. Mentir c’était une chose mais faire en sorte que tous les mensonges convergent en était une autre.
Les grands prêtres ne pouvaient donc pas se risquer à paraître aussi insensés devant tout le peuple. Comment faire alors ? 
Étonnement, ce n’est pas du côté du mensonge que la solution apparaît, mais du côté de la vérité.
Jésus, pourtant silencieux jusque-là, abrège les « souffrances » du sanhédrin en osant affirmer devant eux sa véritable identité ! Jésus est donc bien le Christ, ce Messie – Fils de Dieu venu de la part du Seigneur pour libérer son peuple.
Mais Jésus n’a pas besoin d’en dire plus sur sa mission ; sa qualification de Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel suffit au grand prêtre. Le motif d’accusation est donc trouvé : Jésus se prend pour Dieu, ouvertement, devant les autorités religieuses qui plus est. Pas besoin de preuve supplémentaire : Jésus est un blasphémateur de premier ordre.
Le motif d’accusation est si grave que le grand prêtre, sûr de son coup, sollicite le peuple présent : « Qu’en pensez-vous ? Ils répondirent : Il est passible de mort. »
Après tous les mensonges et faux témoignages complètement divergents racontés dans la soirée, le peuple est maintenant d’accord sur une chose et parle d’une seule voix. Et bizarrement, ici, c’est la vérité. Rien de tout ce qu’a pu dire le peuple jusqu’à présent n’a été aussi vrai : Jésus est passible de mort.
Cependant, on prononce parfois des phrases plus grandes que les idées qu’on avait derrière la tête. C’est parfaitement le cas ici. Oui, le Christ est passible de mort, c’est la vérité. C’est ce que nous croyons. Mais nous savons que cette condamnation légitime vient d’ailleurs que ce supposé blasphème.
Si Jésus est passible de mort, c’est pour une autre raison. S’il est passible de mort c’est parce qu’il ne souhaitait pas nous voir mourir. « En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé ; et nous, nous le pensions atteint d’un fléau, frappé par Dieu et affligé. Or il était transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes ; la correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui […] » Esaïe 53.4-5
Jésus passible de mort ? Cela n’a jamais été plus vrai. Mais c’est en héros parfait donnant sa vie pour des coupables qu’il l’a été. « Qu’en pensez-vous ? Ils répondirent : Il est passible de mort. » Matthieu 26.59- 60 ; 63-68.