Mercredi (Temps de Pâques)

« Embrassez le fils […] » Psaume 2.12. « Il parlait encore quand une foule arriva ; celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, allait devant elle. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit : Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ! » Luc 22.47 et 48.
Vous est-il déjà arrivé de tout faire à l’envers ? C’est souvent le travail terminé que je me rends compte que le meuble que je viens de monter n’est pas tout à fait comme il devrait être. Une vis a été mise dans un trou réservé à autre chose ou la planche n’a pas été installée de façon à ce que la belle et bonne face se retrouve au bon endroit. Dans ce cas-là je soupire sur mes faiblesses techniques et mon manque de concentration. Avant de tout défaire et de recommencer…
Le psaume 2 exalte le Fils. Ce dernier est le Roi. Le sceptre de fer lui a été donné et il a pour vocation de dominer tous les petits rois de la terre. C’est parce que ce Roi-Fils est présenté comme Tout-Puissant que le peuple doit le servir, le craindre et l’adorer. «Embrassez le fils» est donc, dans le contexte du psaume, une invitation à lui rendre hommage.
Malheureusement, Judas a tout fait de travers et il ne s’agissait pas ici du simple montage d’une étagère à bon marché.
Sans en changer la forme, Judas a substitué l’hommage et l’adoration à la lâcheté et la trahison. C’est donc par un baiser que Judas livre le Seigneur aux forces du mal. Choquant…
Pourtant, choqué, Jésus ne l’est pas. Jésus savait bien ce qui allait lui arriver, à tel point que dans un autre évangile Jésus interpella Judas : « Ce que tu fais, fais-le vite ». En effet, Jésus avait déjà vu le cœur de Judas s’emplir des pensées de l’adversaire.
Jésus n’est donc pas choqué. Triste mais pas choqué.
Jésus est bien au fait du caractère tragique de notre péché. Alors que l’homme avait été créé parfait, sa révolte contre son créateur l’a entraîné à faire exactement l’opposé de ce pour quoi il avait été créé. Au lieu de rendre gloire à Dieu pour son unicité et son infinie altérité, l’homme a voulu devenir comme lui.
Au lieu d’apprendre l’amour et d’aimer à son tour, l’homme, dès le début de son histoire, est devenu fratricide. Au lieu d’aimer son plus proche prochain, l’homme l’a tué.
Sommes-nous conscients du tragique de notre histoire ? Savons-nous encore prendre du recul pour constater les anomalies et défauts de notre construction ? Sommes-nous conscients des dégâts que nous avons pu imposer aux autres, volontairement ou non ?Sommes-nous conscients de la gravité de nos erreurs ? 
Si dans le jardin, Jésus n’est pas choqué, il est tout de même triste de voir l’un de ses disciples rater la cible de cette manière. Mais ce n’est pas seulement ce disciple là, c’est aussi nous autres lorsque nous faisons exactement l’opposé de ce que le Seigneur nous demande.
Embrasser le fils dans l’adoration, pour lui rendre hommage ; telle était l’invitation. Mais Judas, nous représentant nous aussi dans notre nature pécheresse, a tout fait à l’envers.
« Il parlait encore quand une foule arriva ; celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, allait devant elle. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit : Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ! » Luc 22.47 et 48.