C’est mon corps ! 

C’est mon corps
C’est mon corps, j’en fais ce que je veux. Il y a un peu plus de 40 ans, les rues résonnaient de ce slogan. Après le droit à la contraception chimique, était venu le temps du droit à l’avortement rebaptisé pour l’occasion interruption volontaire de grossesse. Si Simone Weil déclarait en préambule à la nouvelle loi, que tout avortement provoqué était d’abord un échec, la majorité retint qu’il s’agissait d’une libération. Disposer de son corps comme on le désire…
Deux générations plus tard, la pilule paraît moins en vogue. Boudée car jugée trop contraignante. Boudée aussi car suspecte d’une chimie désormais montrée du doigt. Comment être bio ou veggie en absorbant ces molécules synthétiques ? Disposer pleinement de son corps sans contrainte est plus complexe qu’il n’y paraissait.
Si la chimie est désormais brandie comme un épouvantail, la biochimie prospère. Peut-être parce son nom bénéficie du préfixe miraculeux « bio » ? Que n’arrive-t-on pas à manipuler dans les cellules de nos corps ? Y compris, provoquer des fécondations de plus en plus artificielles. Au départ, techniques destinées à aider les couples stériles, ces manipulations basculent progressivement vers des situations ambigües. A quoi bon un géniteur ? C’est mon corps, non ?
Avec quand même une incertitude : l’enfant programmé répondra-t-il aux attentes ? Que lui répondre si, malgré toutes les techniques, il naît avec un handicap ? L’arrogance du slogan « c’est ton corps ! » apparaît subitement odieuse.
Que répondre à ce fils qui déclarera un jour : je préfère être une fille ? Lui qui dira : j’ai décidé de changer à coups d’hormones et d’actes chirurgicaux ; c’est mon corps, j’en fais ce que je veux ; votre projet ne correspond pas au mien.
Et l’âge avançant, certains entonnent à leur tour le refrain : c’est mon corps, j’en dispose comme je veux ! Exit la contraception, l’interruption de grossesse ou son contraire la fécondation artificielle. Le corps n’est plus à ces choses ; Il s’agit maintenant de bien mourir. La « belle mort » dont on aime prononcer le nom grec si doux : euthanasie.
Liberté d’éliminer l’enfant à naître, liberté de s’offrir un enfant, liberté d’affirmer le genre qu’on n’a pas, et au final liberté de se donner la mort. Tout ça pour ça ? Mon corps m’appartient-il tant que cela ? N’est-il pas d’abord l’œuvre du Créateur ? Dans notre société marchande, il serait raisonnable de reconnaître que la licence d’exploitation lui revient.
C’est ce corps d’homme que Dieu a choisi pour venir parmi nous. Sûr qu’il y était à l’étroit ; pourtant il y a trouvé sa place. Et quand il a dit « c’est mon corps », ce n’était pas une revendication, c’était pour l’offrir en notre faveur, pour nous rendre libres. En réponse, Paul propose : « Que votre corps, vos forces et toutes vos facultés soient mis à la disposition de Dieu comme une offrande vivante » (Romains 12:1). En ajoutant : « ce serait raisonnable ».
Pierre Lugbull