La  « croix »

Aujourd’hui le mot « croix » est utilisé lorsque, sur nos calendriers ou sur nos « to do lists », on coche les actions accomplies. Les cocher d’une croix, c’est une façon de dire que ces tâches sont terminées, qu’il n’est plus besoin d’y penser. Cela a quelque chose de très satisfaisant, surtout lorsque les tâches à accomplir sont nombreuses. 

Dans la Bible le mot « croix » est également utilisé et ceci à de nombreuses reprises. Mais les mentions de ce mot ne conduisent pas du tout à la même légèreté. Car il y a de fortes chances pour que dans les évangiles, le mot « croix » eut été entendu avec horreur et dégoût, les crucifixions n’étant pas rares dans l’empire romain. Ces dernières étaient non seulement punitives mais également dissuasives (le motif d’accusation des condamnés étant affiché au-dessus de leur tête). Les crucifixions étaient brutales si bien que plusieurs philosophes de l’époque en condamnaient l’usage. La nudité, les odeurs, la lente mort des suppliciés, ainsi que le vol d’oiseaux affamés à l’affût de chair relativement fraîche avait de quoi indigner. Pour cette raison, et d’autres encore, le texte biblique est sans équivoque : « Maudit quiconque est pendu au bois » (Galates 3.13). 

Pourtant, c’est bien là que Jésus a vécu les derniers instants de son ministère terrestre, pendu au bois. Le ministère du Christ avait pourtant été marqué de la bénédiction de Dieu à tous égards ; guérisons, libérations d’esprits mauvais, discours pleins de sagesse et d’autorité, etc. Rien ne laissait entrevoir une si maudite fin… Pourtant la crucifixion du Christ ne fut pas le fruit du hasard. Jésus lui-même savait que son heure approchait. Cette heure, il l’a redoutée à cause de l’horreur qu’elle signifiait pour lui. Car Jésus n’a pas simplement été maudit d’avoir été crucifié, il a été crucifié parce qu’il était maudit ! Jésus, maudit ? Oui.

La justice divine ne pouvant laisser les crimes indéfiniment impunis, Jésus prit le poids de la condamnation humaine sur ses propres épaules et reçut, à la croix, le châtiment qui devait nous échoir. 

La malédiction, la condamnation, la colère divine, le jugement divin, tout cela a eu lieu lorsque Jésus était pendu au bois. Pour les chrétiens, la croix est également synonyme de bien des trajectoires positives. Mais en cette fin de semaine de Pâques, c’est d’abord le poids de l’horreur qu’elle dépeint qu’il faut à nouveau mesurer. 

Kévin Commere