Piétons, gare à vous ! 

Je regarde dans mon rétroviseur : eh oui, son intention était vraiment de traverser… Sans vraiment savoir si c’est de ma faute (manque d’attention) ou de la sienne (la tête uniquement rivée sur son smartphone) je n’ai pas pu décrypter la volonté de cette femme d’emprunter le passage pour piétons.

« Passage pour piétons  » vous dites ? Cela existe encore ces choses-là ? Oui mon capitaine ! Et sachez d’ailleurs que, du fait de leur grande vulnérabilité, les piétons sont même prioritaires un peu partout. Même si les passages « cloutés » restent l’endroit privilégié où les piétons sont légalement en toute sécurité.

En sécurité, les piétons le sont dans certaines contrées du monde. C’est le cas en Nouvelle Calédonie où j’ai eu mon permis de conduire, mais aussi en Suisse où il fait bon se balader à pied sans devoir scruter à plusieurs reprises si mon intention de traverser a été bien prise en compte.

En France métropolitaine, les comportements aux passages piétons m’agacent. Quand je suis attentif, et prêt à laisser passer la personne prête à l’emprunter, celle-ci me somme de passer le premier ou m’informe, plutôt gênée cette fois, qu’elle a simplement choisi cet endroit pour tailler le bout de gras avec cette connaissance qu’elle vient de rencontrer… De tels comportements seraient-ils à l’origine de notre refus de priorité aux piétons ? Pourtant, quand on se retrouve piétons, on vit ce refus comme une injustice. En effet, à quoi sert le passage clouté s’il faut attendre qu’il n’y ait plus de voiture pour traverser ? Autant ne pas en mettre et traverser partout dès que possible ! Cela ferait quelques économies de peinture !

En voiture, en France en tout cas, la seule règle valable semble être celle du « moi d’abord ». En période de forte circulation il n’est donc pas si aisé de traverser la rue pour aller chercher du boulot, Mr le président. Ce n’est pas en France non plus que les célèbres Beatles auraient pu s’amuser à traverser, comme ils l’ont fait sur la désormais célèbre Abbey Road en Angleterre ! 

« Moi d’abord ». Que ce soit en voiture ou dans tout autre domaine, nous avons la fâcheuse tendance à vouloir être servis en premier. Loin de moi l’idée de faire du sexisme, mais force est de constater que c’est souvent un trait masculin. La plupart du temps, je vois les hommes se servir en premier sans véritable considération pour les autres. Les hommes n’hésitent pas à prendre place rapidement lors des repas, alors que les femmes s’inquiètent de la façon dont elles pourraient rendre service aux autres. Les femmes font, souvent, passer les autres avant elles (messieurs, ne m’en voulez pas pour cette généralité restant scientifiquement peu prouvée).

Heureusement que quelques hommes relèvent le niveau. Je pense d’abord à Moïse. Fils d’hébreux élevé à la cour égyptienne, Moïse décide un jour de sortir de son palais pour aller voir de plus près la vie que mènent ses frères de sang. Ceux-ci souffrent de la dure main du pharaon qui les tient alors en esclavage. Moïse s’insurgera de l’injustice à leur encontre et les conduira, bien plus tard, hors d’Égypte pour y vivre la liberté.

Tout comme Moïse, Jésus a lui aussi quitté son « palais », sa gloire, pour s’intéresser aux humains. Pourtant, lui qui avait tout, n’avait pas besoin de le faire. Mais le faisant, il a voulu adresser un message aux hommes du monde entier : la vraie grandeur n’est pas d’être servi, mais de servir ! La vraie grandeur n’est pas de passer d’abord, mais de prendre sur soi et laisser la priorité aux plus fragiles, aux plus vulnérables.

Prendre sur lui, c’est ce que Jésus a fait. Et sans lui, nous n’aurions pu rejoindre la bonne rive !

Kévin Commere