Notre histoire en cendres

Au matin du 16 avril 2019, les Unes de la presse étalaient la catastrophe : Notre-Dame de Paris détruite par un incendie. « Notre histoire en cendres » titrait un quotidien. Comment une église aussi belle soit-elle peut-elle résumer l’histoire d’une nation portant la laïcité en étendard ? Pourtant, il faut le constater, les premières réactions des responsables de la nation sont unanimes : Notre-Dame est un concentré d’histoire de France.

« Notre histoire est en cendres » ont aussi pleuré autrefois les juifs devant leur Temple saccagé. Comme Paris sans Notre-Dame, Jérusalem sans le Temple, ce n’est plus Jérusalem. Un nouveau Temple finit par émerger à Jérusalem, avant d’être agrandi par le tyran Hérode. Le peuple juif était fier de son Temple restauré ; Dieu devait se contenter du constructeur.

« Notre histoire est en cendres » ont-ils pleuré à nouveau lorsque ce joyau d’architecture fut totalement détruit en 70 de notre ère. Le Temple était devenu le symbole de tous les pouvoirs, le symbole même de la nation. Sans le Temple, qu’était le petit peuple d’Israël ?

« Notre histoire est en cendres » a donc titré la presse en évoquant l’incendie de Notre-Dame de Paris. Pas faux, tant cette cathédrale a symbolisé elle aussi tous les pouvoirs. Depuis l’évêque initiateur du projet pour la gloire de Dieu – et un peu la sienne – jusqu’à Napoléon s’y faisant couronner empereur…  Tant d’histoires s’y sont entremêlées au point de ne plus distinguer où Dieu a encore une place.

« Notre histoire est en cendres » pleurent les amoureux de patrimoine. Ils ont raison. Il en a fallu de l’intelligence, du savoir-faire, du sens artistique, de la vision et de la volonté pour se lancer dans une telle construction. Un projet d’un gigantisme qui défie la raison. Le Temple de Jérusalem avait aussi associé grandeur et art, mobilisant les meilleurs artisans de l’époque.

« Notre histoire est en cendres » pleurèrent aussi, un vendredi d’avant la Pâque juive, les disciples de Jésus. Désemparés, ils assistaient impuissants à la plus terrible catastrophe de leur vie. Jésus, leur maître était cloué sur une croix comme un malfaiteur, et il rendait ses derniers soupirs. Tout ce qui les avait fait rêver s’effondrait.

Pourtant Jésus avait prévenu : « Démolissez ce Temple, et en trois jours, je le relèverai… » Jésus pensait au temple de son propre corps (Jean 2:19-21). Le dimanche suivant, le corps inerte de Jésus reprenait vie. Effaçant les pleurs, la résurrection triomphait, dépassant le cadre étriqué du groupe de disciples, et même le cadre du peuple juif. Elle s’affirmait histoire universelle, source de renaissance pour les hommes du monde entier.

« Mon histoire est en cendres » se lamentent certains devant les décombres de leur vie. Jésus offre la restauration complète gratuitement, et sans délai. Dieu lui en a donné le pouvoir depuis cette Pâque historique. Une reconstruction telle qu’il a prévu de faire de notre corps restauré le temple où son Esprit désire habiter (1 Corinthiens 3.16).

Pierre Lugbull