En chantant La Marseillaise

L’époque est à l’exaltation du patriotisme. Voilà bien longtemps que notre hymne national n’avait retenti aussi souvent et en tant de lieux. Allons enfants de la Patrie ! Des paroles censées unir les citoyens, galvaniser leur bravoure et répondre à toutes les menaces.
La Marseillaise… La Constitution de la 5ème République a fait de ce chant révolutionnaire l’hymne national de la France. Le contenu a été allégé, ainsi la strophe 8 supprimée dès 1792 pour délit de référence à Dieu. Au final, seule la première strophe est restée.
Allons enfants de la Patrie ! A part galvaniser les troupes citoyennes, cet hymne veut célébrer la Mère Patrie, le refuge offrant sécurité à chacun. Bien qu’aujourd’hui on célèbre la République plutôt que la Patrie : le vocabulaire s’adapte au vent politique du moment.
Chanter la Marseillaise en foule, c’est créer une communion entre citoyens du pays : une nation, un peuple. C’est la confession de foi commune clôturant inévitablement toute grand-messe laïque. C’est le credo retrouvé après un temps d’indifférence condescendante. Un temps pendant lequel une poignée de fondamentalistes continuait à le clamer en se l’appropriant.
Allons enfants de la Patrie ! Désormais, la surenchère fait florès. Les enfants devraient chanter avec ardeur cet hymne censé les garder de tout égarement. Nostalgie d’un siècle où les jeunes défilaient, drapeaux en tête, appelant à ce « qu’un sang impur abreuve nos sillons » ? Certes, ces jeunes prophétisaient juste : le sang a même saturé la terre. Mais était-il si impur ce sang de millions d’êtres humains pour qu’il doive nécessairement abreuver nos sillons ? Et aujourd’hui, est-il redevenu impur le sang de ces nouveaux ennemis, damnés de la terre menaçant notre bien-être ?
Le jour de gloire est arrivé ! Dit-elle vrai cette prophétie clamée par tant de voix ? Quelle gloire ? Quels combats à mener pour y accéder ? Combien d’ennemis à abattre pour enfin vivre en paix avec ceux qui nous ressemblent ?
Il est d’autres hymnes nationaux moins belliqueux, mais teintés aussi d’un nationalisme fermé. Même s’il est censé prôner la concorde, l’hymne européen n’a pu trouver des paroles reconnues par tous. Seul le thème musical de la symphonie de Beethoven a été officialisé.
Pourtant, de façon surprenante, l’humanité est invitée depuis plus de 3000 ans à chanter un hymne international : « Chantez pour le SEIGNEUR un chant nouveau ! Chante pour le SEIGNEUR, terre entière ! » (Psaume 96:1). Terre entière… un hymne unique, pas égoïste ou nationaliste. Un hymne nouveau célébrant la paix et l’amour, mais pas avec les paroles édulcorées des chansons. Un hymne célébrant Celui qui est la source de tout amour, la source de toute paix.
C’est le seul hymne qui survivra dans l’éternité, hymne centré sur Jésus-Christ : « Ils chantent un chant nouveau, en disant  tu as acheté pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation » (Apocalypse 5:9). Alors, autant nous y préparer !
Pierre Lugbull