Noël ?

A quoi Dieu pensait-il il y a deux millénaires quand il a donné le Messie à son peuple ? Cela a été d’une impréparation qui laisse songeur. Et d’une certaine irresponsabilité serait-on tenté d’ajouter s’il ne s’agissait du Seigneur. Bien entendu, ses pensées sont au-dessus de nos pensées, mais quand même… 
Pour ce Messie qu’Il appelle son Fils, il ne trouve qu’une famille d’accueil bancale. La famille de Marie baigne dans l’anonymat. Quant à Joseph, c’est un descendant du Roi David, mais des siècles de revers de fortune ont réduit ce lointain héritier à gagner sa vie en construisant des charpentes. Rien de répréhensible, mais pour un descendant du grand roi d’Israël, ça manque de classe.
Famille bancale aussi, Marie et Joseph n’étant même pas mariés quand Dieu provoque la grossesse de Marie. Juste un échange de promesses entre eux, mais sans avoir entamé une vie commune. Le Seigneur ne se soucie-t-il pas du qu’en dira-t-on ? Et la réputation de l’enfant à naître ?
D’ailleurs ce plan peu orthodoxe a failli capoter, Joseph n’acceptant pas la grossesse inexplicable de sa fiancée. Dieu a dû rattraper les choses après coup en le tranquillisant sur la conduite de Marie, et en le mettant au courant de son projet. Le Seigneur aurait quand même pu d’abord demander l’avis de Joseph, non ?
Bon, aujourd’hui, la société occidentale a fait des progrès et n’est plus très regardante sur l’origine des grossesses. Pourvu qu’on ait envie d’un enfant, peu importe le cadre et le moyen. Une seule condition : que le logement et les moyens financiers soient suffisants pour l’accueillir raisonnablement. Comment Dieu a-t-il pu engager la grossesse de Marie alors que le couple n’avait pas encore de logement fixe et des revenus très faibles ?
Et ce décret de l’empereur de Rome contraignant Marie en fin de grossesse à se rendre à Bethléem avec Joseph ? Dieu est pourtant capable d’incliner le cœur des Rois. Se souciait-il des 155 km à parcourir, à pieds vu le manque de moyens financiers ? Presque à croire qu’il n’a rien fait pour leur épargner la route vers Bethléem…
Bien sûr, ce qui était prévisible arriva : l’accouchement au bout de la route, dans des conditions d’insalubrité extrêmes, sous un abri pour animaux. C’est ce cadre inacceptable que Dieu avait choisi pour faire naître son Fils bien aimé. Le Dieu de l’univers choisissait de se mettre à l’étroit dans le corps d’un bébé livré sans défense à Joseph et Marie, couple inexpérimenté et démuni.
Joseph et Marie en prendront soin. Les contemporains de Jésus ne lui accorderont pas les mêmes égards. Ce Dieu sans gardes du corps, sollicitant leur bienveillance, ils n’en voulaient pas. Il était trop différent de leur imagerie.
Alors, raisonnablement, les hommes se sont débarrassés de ce Jésus, Fils de Dieu. Pour continuer à errer sans but. Et rien n’a changé depuis… sauf pour ceux qui ont discerné dans la naissance de Jésus la folie d’un Dieu qui les aime d’un amour déraisonnable.
Pierre Lugbull