COVID et l’art de mourir

Lors d’une récente lecture je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de marquer un temps d’arrêt et de, si possible, réfléchir en Église à propos de ce sujet si délicat qu’est la mort. Car oui, il se dit que nous en parlons de moins en moins… Même dans nos Églises… Et pourtant, la mort, nous en parlons sans arrêt, notamment en pleine crise sanitaire où l’évocation du nombre de morts par jour en France et dans le monde, ne semble pas nous faire réagir beaucoup. 

Voici quelques lignes d’Evert Van De Poll, pasteur dans la Fédération Baptiste, dans le dernier numéro des Cahiers de l’école pastorale. Bonne lecture, et bonne discussion !

« Les chrétiens ont des choses importantes à dire en rapport avec la mort. Et pourtant, dans les documents visant à aider les Églises et les croyants individuellement à répondre à la crise pandémique, il semble que l’on prête peu d’attention à ce sujet. Qui propose des podcasts sur la préparation à la mort ? sur l’accompagnement des mourants ? sur le deuil ? ou bien sur la communication de ce que l’Évangile dit en rapport avec la mort et l’au-delà aux sans-religion dans une société déchristianisée ? 

Cette absence est significative d’un changement général. Dans les milieux évangéliques, les perspectives de la mort et de la vie éternelle au ciel ont longtemps été des thèmes importants. Ils sont omniprésents dans les anciens cantiques et les chants de réveil. Les anciens les connaissent encore, mais les jeunes ? Depuis que la louange contemporaine a fait son entrée, le registre a changé. Le nouveau répertoire se concentre sur la relation avec le Seigneur dans cette vie. Les prédicateurs abordent souvent les souffrances et le développement personnel mais, comparés à leur prédécesseurs, ils parlent moins du péché et de sa sanction. À quand remonte le dernier message entendu sur le ciel, le jugement dernier ou la résurrection du corps ? La dernière étude biblique sur la signification de l’enfer ? Passés de mode, ces sujets-là ? Ce changement montre que l’actuelle génération d’évangéliques est très influencée par l’air du temps, plus que l’on ne l’admet.

Ce serait un bien pour un mal si la pandémie amenait les Églises à revenir sur des thèmes qui ont toujours été au cœur de l’enseignement et de la pastorale de chrétiens. […] ». 

L’article d’Evert va bien évidemment plus loin que d’interroger l’Église de Jésus-Christ. L’article montre aussi la présence des chrétiens au travers l’histoire, notamment leur rôle très positif lors d’épidémies ! Mais j’ai pensé que ce court extrait pouvait donner matière à réfléchir aux chrétiens du 21è siècle que nous sommes ! Un pensée ? Un commentaire ? N’hésitez pas à nous en faire part ci-dessous !

Kévin 

2 thoughts on “COVID et l’art de mourir”

  1. Même si cet extrait d’article est centré sur la question de la mort, il touche à tellement d’aspects qu’il est difficile d’apporter un point de vue. J’aurais donc plutôt quelques questionnements en vue d’approfondir l’un ou l’autre de ces aspects.
    – Accompagnement des mourants, deuil : où sont les limites entre témoigner de la compassion, importuner et prodiguer de fausses espérances?
    – Préparation à la mort : faut-il s’y préparer comme c’est devenu conseillé pour le mariage ? La mort entre-telle dans la normalité de la vie ? Pour reprendre le même exemple, est-elle dans le plan de Dieu comme le mariage ?
    – Abandon des cantiques sur la vie éternelle au ciel : le contenu de ces vieux chants est-il aussi biblique qu’on le croit ?
    – Résurrection des corps : est-elle compatible avec une vie éternelle au ciel ? Quel est le véritable message biblique ?
    – Chrétiens influencés par l’air du temps : malheureusement oui… Mais s’il s’agit de répondre aux interrogations des contemporains, c’est alors tout autre chose. L’Evangile n’est pas annoncé de la même façon suivant les époques et les civilisations. La vraie question est de discerner si notre annonce reste la Parole de Dieu ou si elle est destinée à conforter nos désirs.
    Toutes ces questions sont essentielles !

    1. Merci Pierre pour ces quelques interrogations. Il y aurait de quoi animer bien des débats ici…
      Bien évidemment, l’extrait n’est pas révélateur de l’ensemble de cet article (que j’ai trouvé très bon par ailleurs) et la parenthèse concernant notre positionnement en tant qu’évangéliques m’a tout de même interpellé. Notamment sur la question des cantiques car je peux observer, pour moi-même, combien il est bon de chanter des chants qui conduisent à la redite de notre espérance. Car si l’espérance venait à ne plus faire partie de notre compréhension et application de l’évangile, nous serions les plus malheureux des hommes (1Corinthiens 15).
      Cette espérance tranche souvent avec la notion d’immédiateté que nous trouvons régulièrement dans nos cantiques les plus modernes (mais je ne les connais pas tous, et certains, heureusement, ne vont pas dans ce sens ! Mais notons tout de même que ceux qui nous parlent du Ciel (ou de la nouvelle terre !) ces chants sont de vieux hymnes traduits et mis en musique moderne).
      En tous les cas la réflexion sur la mort est intéressante, car une fois nés, on risque d’y passer ! Sauf si Jésus revient pour transformer nos corps et nos âmes au son de la trompette ! […] Faut-il encore y croire… !

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