Les grains de sable au bord de la mer

Texte de référence : Juges 7. 7-15

Nous voici aux côtés de Gédéon, et plus précisément aux côtés de ses soldats. Cette nuit-là, il est en passe d’entamer le combat contre l’ennemi. Conformément à l’ordre du Seigneur, Gédéon descend discrètement dans le camp de Madian pour y glaner des informations importantes. Celles-ci lui donneront le courage de lancer l’assaut (cf. versets 13 et 15). Mais avant, le narrateur attire notre attention avec le verset 12 : « Madiân, Amaleq et tous les fils de l’Orient s’étalaient dans la plaine aussi nombreux que des sauterelles ; on ne pouvait compter leurs chameaux, aussi nombreux que les grains de sable sur le bord de la mer. ». 

Il est évident que les ennemis d’Israël n’étaient sûrement pas aussi nombreux que les grains de sable sur le bord de la mer. L’hyperbole employée ici ne choque donc personne ! À l’époque, son utilisation était monnaie courante ! Cependant, le lecteur attentif aura remarqué qu’il ne s’agit pas que d’une hyperbole. Plus qu’une simple figure de style, cette expression est utilisée pour communiquer autre chose. Car normalement, on ne s’attend pas à la trouver ici pour décrire la situation des ennemis d’Israël ! Le lecteur attentif sait bien que cette expression a tout d’abord été utilisée dans la promesse faite à Abraham (cf. Genèse 22. 16 et 17: « Je multiplierai ta descendance comme le sable qui est au bord de la mer »)  ! C’est le monde à l’envers ! 

Tout cela ne saurait passer pour un simple hasard. Au contraire, il faut y voir l’intention de l’auteur pointant discrètement une réalité : voilà à côté de quelle bénédiction on passe quand on s’écarte du chemin de Dieu. Cela ne veut pas dire que la bénédiction a été volée ou attribuée à quelqu’un d’autre, mais qu’à tout moment, Dieu peut montrer ce qui aurait pu advenir en cas de fidélité. On retrouve le même procédé dans la bouche de Jésus lorsqu’il raconte la parabole du riche et de Lazare en Luc 16. En obéissant aux commandements, le riche aurait sûrement eu accès à la félicité dont a bénéficié Lazare… 

Il en est de même dans notre texte, si le peuple d’Israël avait obéi au Seigneur, c’est lui, et non pas l’ennemi (!) qui aurait été aussi nombreux que les grains de sable sur le bord de la mer. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere