Lundi (Temps de Pâques)

« Dès lors, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et se réveiller le troisième jour. Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer, en disant : Dieu t’en préserve, Seigneur ! Cela ne t’arrivera jamais. » Matthieu 16. 21-22.
On m’a raconté un jour l’histoire d’une petite fille devenue témoin d’une scène qui allait changer sa vie. La voilà à table quand son grand-père paternel donne une gifle à sa maman (la belle-fille du grand-père donc). Les grands se disputent parfois mais on comprend que la scène fut difficile à voir pour cette petite. Mais ce n’était pas tout, ce dont la petite fille a été témoin aussi, c’est la passivité de son papa ne faisant rien pour montrer son indignation, son désaccord.
N’acceptant pas la scène, les yeux de la jeune fille se sont immédiatement mis à loucher, comme pour dire qu’ils ne pouvaient pas supporter de voir une telle violence. Je n’ai pas le moyen de vérifier la véracité de l’histoire mais elle donne tout de même à réfléchir.
Représentant très certainement les disciples derrière lui, Pierre ne peut (ne veut ?) pas non plus comprendre ce que Jésus est en train de leur expliquer. Voilà que l’homme avec lequel ils ont passé quelques années à faire le tour des villes et villages, guérissant les malades et annonçant le royaume de Dieu, parle maintenant des épreuves terribles qui l’attendent…
Malgré la forte opposition des religieux de la capitale, comment Jésus pouvait-il à ce point être persuadé de telles choses ? Pierre ne le comprend pas. Le Messie – Fils de Dieu (puisque c’est l’identité que le Père a révélé à l’apôtre) ne peut souffrir, un point c’est tout !
Comme la petite fille, comme l’apôtre Pierre, nous avons nous aussi nos soupapes de sécurité. Nous avons, nous aussi, nos réflexes pour rejeter le mal, pour ne pas lui donner trop d’importance et même l’éviter à tout prix. À vrai dire, si nous réagissons comme cela c’est pour ne pas laisser au mal et à la souffrance une légitimité dans nos existences. En cela nous avons raison.
Pourtant, la résurrection ne peut avoir lieu sans la mort, car pour qu’il y a ait triomphe, il faut triompher de quelque chose. Souffrance et mort sont des ennemies qu’on ne souhaite pas rencontrer, la réaction des apôtres le prouve, mais n’en restent pas moins des ennemies à vaincre, la réaction de Jésus le prouve !
Pour vivre ce temps de Pâques, il nous faut d’abord lâcher prise. Il nous faut accepter le déferlement de violence prêt à tomber sur Jésus. Accepter de le voir, d’en parler, d’y songer. Cette violence est injuste, mais il fallait qu’elle tombe sur quelqu’un.
Sommes-nous prêts à y songer toute cette semaine ? Laissons Jésus partir pour Jérusalem, il veut porter toute notre souffrance.
« Dès lors, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et se réveiller le troisième jour. Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer, en disant : Dieu t’en préserve, Seigneur ! Cela ne t’arrivera jamais. » Matthieu 16. 21-22.