Des procès fleuves ou touchant des personnes influentes se succèdent avec le défilé d’avocats proclamant leurs vérités la main sur le cœur. Vérités contradictoires suivant le client qu’ils défendent, l’essentiel étant d’impressionner l’auditoire pour faire pencher la balance du côté souhaité. Mais si le public est influençable, la balance de la Justice, est moins sensible aux affirmations péremptoires.

Outre les accusés, souvent indignés d’être traînés au tribunal, sont cités aussi des témoins, à charge ou à décharge. Témoins exprimant des points de vue différents, un témoin ne pouvant avoir une vision objective, même s’il a assisté aux faits évoqués lors du procès. Il faut garder du recul par rapport à ses déclarations : tant de situations et de facteurs personnels peuvent affecter un témoignage.

Une coutume veut pourtant, qu’en se présentant à la barre, le témoin lève sa main droite et dise : « Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ». Lever la main droite plutôt que la gauche ? L’inclusion des gauchers a encore des progrès à faire… Quant à lever la main, droite ou gauche, c’est moins compromettant que poser la main sur la Bible. Un serment laïque se doit d’échapper à toute influence religieuse.

Un serment laïque ? Jésus l’avait prescrit bien avant notre siècle, allant encore plus loin : « Ne faites pas du tout de serments. Ne jurez pas par le ciel, parce que c’est là que Dieu habite. Ne jurez pas par la terre, parce que c’est l’endroit où il pose ses pieds. Ne jurez pas par Jérusalem, parce que c’est la ville du Grand Roi. Et ne jure pas par ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul cheveu de ta tête blanc ou noir. Dites simplement “oui” ou “non”. Ce qu’on dit en plus vient de l’esprit du mal » (Evangile de Matthieu chapitre 5).

La vérité, toute la vérité, rien que la vérité ? Jésus sait combien nous avons tous de la difficulté avec la vérité. Il sait combien nos témoignages sont fragiles, même quand ils ne sont pas volontairement mensongers.

J’ai connu, à la fin de sa vie, un homme, disons à la personnalité marquée pour rester neutre. Pour certains de ses proches, c’était un homme dur, déloyal. Pour les autres, c’était un homme bon, attentif aux siens. Chacun s’appuyait sur des faits avérés, des vérités. Aucun pourtant n’exprimait toute la vérité sur un vécu difficile.

Jésus met en garde sur nos vérités relatives : « Dieu qui m’a envoyé dit la vérité, et ce que j’ai appris de lui, je le dis au monde ». Et il encourage ceux qui veulent le suivre à être témoins de cette vérité, celle de Dieu : La Vérité, rien que la vérité, toute la vérité.

Noyé dans un flot ininterrompu de paroles mensongères, le monde a besoin de témoins s’avançant à la barre, exprimer la Vérité de Dieu sans serment cérémonieux, mais dont le « oui » est « oui ».

Pierre Lugbull