Sous le figuier

Texte de référence : Jean 1. 47-48

Nous voici aux côtés des disciples de Jean Baptiste. Ceux-ci sont venus à sa rencontre car Jean annonçait quelque chose de nouveau. En effet, une nouvelle ère dans l’histoire du salut semblait s’ouvrir. Mais au lieu d’attirer les foules à lui et lui seul, le ministère de Jean avait un double objectif : à la fois inviter chaque personne à la repentance, et ainsi préparer les cœurs à la venue d’un « plus grand que lui » : le Seigneur lui-même (Jean 1. 23).

C’est dans ce contexte de préparation que certains disciples de Jean ont pu faire la rencontre de Jésus. Pour plusieurs d’entre eux, cette rencontre fut une révélation ! Ainsi André pourra dire à son frère : « Nous avons trouvé le Messie ! » (verset 41). Il sera rejoint plus tard par Philippe, qui à son tour, ira trouver Nathanaël. Celui-ci ne partagea pas tout de suite l’enthousiasme de ses amis : « De Nazareth, lui dit-il, peut-il sortir quelque chose de bon ? » (verset 46). En bon juif, il ne se souvient d’aucune prophétie mentionnant « Messie » et « Nazareth » dans la même phrase… Pourtant dès ses premiers échanges avec Jésus, Nathanaël va baisser les armes pour finalement confesser Jésus comme son « Christ », son Messie. 

Au lieu de laisser le lecteur dans le flou d’un changement aussi rapide que radical, l’auteur a pensé bon de donner un détail d’importance. Ce dernier se trouve dans la réponse de Jésus : […] alors que tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». Sur le papier rien de très extraordinaire. Sauf que tout dans la réponse de Nathanaël indique qu’il était question d’un regard très particulier. En effet le figuier dont il est question ici était connu pour avoir de nombreuses feuilles s’entrelaçant et touchant terre à la façon d’un saule pleureur. Sous le figuier, Nathanaël n’était donc pas visible de l’extérieur. Mais plus qu’une cachette bien pratique, le figuier était utilisé par celles et ceux qui voulaient se réfugier pour méditer la torah et prier le Seigneur. C’est ce que nous apprennent des textes juifs postérieurs à l’évangile. 

Ainsi compris, ce détail permettrait de saisir plus facilement la réaction du nouveau disciple de Jésus. Car sous le figuier, Nathanaël était sûrement en prière. Une prière qui n’aurait pu échapper au regard perçant de celui qui peut voir dans les cœurs et les pensées. Dès le début de son récit, l’évangéliste révèle ainsi les capacités de Jésus, identiques à celles de Dieu décrites au Psaume 139 : « Seigneur, tu m’as scruté et tu connais., tu connais mon coucher et mon lever ; de loin tu discernes mes projets […] ». Et voilà pourquoi… c’est important !

Kévin Commere