Fermeture des portes

Texte de référence : Genèse 7.1-16

Nous voici au temps de Noé. Même si l’évocation de son nom a de quoi rassurer (Noé est celui qui « console »), nous aurions de quoi nous inquiéter. En effet, l’auteur du livre de la Genèse a souhaité faire comprendre à ses lecteurs que le temps de Noé ne fut pas le meilleur. À plusieurs reprises, notamment au chapitre 6, le narrateur attire notre attention sur la situation catastrophique des humains. Verset 5 : « Le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre : à longueur de journée, son cœur n’était porté qu’à concevoir le mal et le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. ». Idem quelques versets plus loin, au verset 11 : « La terre s’était corrompue devant Dieu et s’était remplie de violence. ». Le contexte de la construction de l’arche de Noé est donné. Le bateau sera l’instrument de salut pour Noé et sa famille, seuls justes, et le déluge, l’instrument de jugement pour tous les autres “vivants” (cf. 7. 22). 

Dans cette histoire connue, un détail pourrait attirer notre attention d’une manière toute particulière. Verset 16 : « C’était un mâle et une femelle de toute chair qui entraient. Ils entrèrent comme Dieu l’avait prescrit à Noé. Puis le Seigneur ferma la porte sur lui. ».

Qu’une porte ait été à fermer est aisément compréhensible. Mais que Dieu soit l’auteur de cette action est tout à fait surprenant. Ayant construit toute l’arche, Noé était tout à fait apte à réaliser ce dernier geste. Il n’en fut rien… Aucun doute, moins qu’un geste purement mécanique, l’auteur de la Genèse a donc voulu communiquer autre chose. 

En effet, l’idée de “fermeture des portes” était déjà perceptible dans le texte de Genèse 3. 24. Après avoir chassé l’homme du jardin d’Éden, les chérubins ont dû garder le chemin de l’arbre de vie afin que l’homme, fautif, ne puisse y accéder. Entrer dans le jardin n’était plus possible, et ce malgré les remords de ceux qui en avait été chassés. Quelques chapitres plus tard, l’auteur de la Genèse semble mettre l’accent sur le caractère inviolable de la décision de Dieu. Ainsi, quand Dieu ferme les portes de l’accès à la vie (ou à la survie comme ici pour le déluge), il est trop tard pour changer d’avis. Trop tard pour changer de vie. 

L’histoire de Noé montre donc que la patience de Dieu a ses limites, et qu’un jour, les portes du salut se fermeront définitivement, éternellement. Sans laisser de seconde chance. Elles ne se fermeront plus sur Noé mais sur Jésus. Car à la fin des temps, c’est Lui, Jésus, qui marquera la limite entre les vivants et les morts. Et tout comme la porte de l’arche, cette limite sera définitivement infranchissable. Car oui, en dehors de l’« aujourd’hui du salut » (cf. Hébreux 3. 7-15), les appels de ceux restés à l’extérieur ne pourront plus trouver réponse favorable, comme illustré dans la parabole des dix vierges de Matthieu 25. 10-13. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere