La loi du silence

Texte de référence : 1 Corinthiens 14. 26-40

Nous voici à Corinthe. Une lettre envoyée par celui qu’on nomme l’apôtre Paul vient d’arriver. Sa particularité est de répondre directement aux questions posées par les Corinthiens. Ainsi, à plusieurs reprises, Paul les cite puis apporte des éléments de réponse ou, le plus souvent, corrige leur façon de faire ou de penser. Exemple avec le « tout est permis » du chapitre 10. 23. Il est assez facile de comprendre que Paul demande aux Corinthiens de revoir leur copie en ajoutant « […] mais tout ne convient pas. Tout est permis, mais tout n’édifie pas ». 

Toutes les citations corrigeant l’éthique des Corinthiens ne sont pas toujours faciles à repérer cependant. De fait, certains textes demeurent obscurs voire contradictoires avec d’autres. Cela semble être le cas pour la loi imposant le silence aux femmes lors de la tenue d’assemblées. « Comme cela se fait dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, elles n’ont pas la permission de parler ; elles doivent rester soumises, comme dit aussi la Loi. Si elles désirent s’instruire sur quelque chose qu’elles interrogent leur mari à la maison. Il n’est pas convenable qu’une femme parle dans les assemblées. ». Autrement dit, ces dames n’ont qu’à bien se tenir ! Pourtant au chapitre 11, nous apprenions du même auteur que les femmes pouvaient prier, et même prophétiser (cf. 11. 5 : « Mais toute femme qui prie ou prophétise […] ») ! La contradiction est flagrante. 

En revanche, en comprenant cette loi du silence imposé aux femmes comme une citation de la pensée corinthienne, la contradiction apparente disparaît ! Serions-nous donc dans le même cas de figure que celui cité plus haut ? L’interpellation de Paul aux versets 36 et suivants semble aller dans ce sens :  « La parole de Dieu a-t-elle chez vous son point de départ ? Êtes-vous les seuls à l’avoir reçue ? ». En effet, cette prise de position de l’apôtre ne pourrait être comprise autrement que comme un reproche. Dans ce cas, Paul serait en train de couper court au raisonnement corinthien en leur disant : ce n’est pas à vous qui êtes venus au Seigneur par mon ministère, de définir les règles du jeu pour toutes les Églises ! 

Renversant n’est-ce pas ?

De fait, dans toutes les Églises des saints, toutes les femmes ne se sont pas tues, certaines ont même enseigné d’autres personnes devenues enseignantes à leur tour. Ce fut le cas de Priscille évangélisant Apollos avec son mari Aquilas.

En respectant ici la forme en « question-réponse » de l’épître, la contradiction quant au silence ou à la prise de parole des femmes dans les assemblées n’est plus. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere