Beaucoup d’herbe

Texte de référence : Jean 6. 1-14

Nous voici aux côtés de Jésus et de ses apôtres. La petite équipe vient de débarquer (littéralement !) sur l’autre rive de la mer de Galilée. Après une traversée que Jésus aurait aimé reposante, les foules sont de nouveau tout autour de lui pour lui demander son aide, versets 2-3 : « Une grande foule le suivait parce que les gens avaient vu les signes qu’il opérait sur les malades. C’est pourquoi Jésus gravit la montagne et s’y assit avec ses disciples ». En gravissant la montagne et en s’asseyant avec ses disciples, Jésus semble adopter la posture de l’enseignant plutôt que du guérisseur. Jésus avait donc une préférence pour guérir l’âme plutôt que de toujours guérir le corps. Entre guérison corporelle immédiate et guérison de l’âme à portée éternelle, Jésus a fait son choix. 

Pourtant, c’est bien par la multiplication des pains et des poissons que Jésus s’apprête à réaliser, que ce texte nous interpelle. Car plutôt que laisser les foules rentrer chez elles le ventre vide, Jésus décide de pourvoir à leurs besoins. Quoi de plus interpellant pour appuyer son enseignement ? Verset 14 : « À la vue du signe qu’il venait d’opérer, les gens dirent : “Celui-ci est vraiment le Prophète, celui qui doit venir dans le monde” ».

Mais en tant que lecteurs, c’est un autre détail qui saura nous interpeller. Celui du verset 10 : « Faites-les asseoir. Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit […]». En relatant les multiplications des pains, aucun autre évangéliste ne s’est intéressé à la hauteur de l’herbe sur laquelle les foules s’étaient assises. Le disciple que Jésus aimait était-il à ce point rêveur ? Non, il faut chercher ailleurs ! 

En précisant la quantité, et donc la présence, d’une herbe bien verte, Jean fait un clin d’œil à tous ses lecteurs. En effet, la générosité de Jésus rassasiant la foule dans un cadre aussi verdoyant ne saurait les laisser de marbre. Ainsi, outre présenter Jésus comme le « prophète qui devait venir », Jean suggère que ce Jésus n’est ni plus ni moins que le « berger » auprès de qui on ne manque de rien. Ce Jésus est celui qui fait coucher et reposer ses brebis « sur de frais herbages ». Cette description vous dit-elle quelque chose ? 

Dans le récit de Jean tout est là pour révéler l’identité de Jésus. Plus qu’un prophète, il est le divin berger. Celui du psaume 23. Voilà la conclusion à laquelle Jean veut mener en précisant la quantité d’herbage. Et voilà pourquoi… c’est important ! 

Kévin Commere