Trois fois

Texte de référence : Luc 23.13-24

Nous voici à l’heure du verdict. Les principaux responsables du peuple sont là aussi ; autant les représentants de l’État que les représentants religieux. Tout ce beau monde, aux préoccupations pourtant si souvent diverses, est rassemblé autour d’une seule et même personne : Jésus. Mais les objectifs des uns et des autres ne sont pas tout à fait les mêmes. D’un côté les chefs religieux, tous partis confondus, veulent la condamnation du « Roi des Juifs » tandis que Pilate, de l’autre, n’a que faire d’un homme si silencieux. Ce qu’il veut, c’est mettre fin à toute cette histoire en faisant fouetter Jésus. Mais à la demande d’une foule très insistante, Pilate finit par relâcher Barabbas, un meurtrier notoire, et condamner Jésus. 

Jésus pour Barabbas. Le coupable est relâché, l’innocent condamné. 

Mais un détail du texte semble nous inviter à faire le lien avec un autre homme. En effet, Pilate n’apparaît pas ici tout à fait comme on a l’habitude de l’imaginer. Sous la plume de Luc, on dirait même que Pilate hésite. À la mesure des enjeux politiques et religieux, la pression était sûrement à son comble. C’est probablement fort de cela que Luc apporte une précision qu’il est le seul à oser. Il écrit : « Pour la troisième fois, Pilate leur dit : […] Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort. Je vais donc lui infliger un châtiment et le relâcher. » (cf. verset 22). C’est la mention de la « troisième fois » qui m’interpelle. Simple hasard ou volonté rédactionnelle ? N’est-elle pas là pour souligner la tragédie qui est en train de prendre place ? Rappelons-nous, par trois fois on a cherché à dénoncer Pierre (justement accusé) mais celui-ci a pu échapper au pire. Et ici, Pilate cherche, par trois fois, à relâcher Jésus (accusé à tort) mais celui-ci ne pourra éviter la croix. 

Jésus aura été trois fois trahi par son ami et trois fois « défendu » par un préfet de mauvaise réputation. Trois fois ici, trois fois là. Trahi lâchement ou défendu en vain, qu’importe, le sort de Jésus est scellé :  il sera crucifié. Mais ces « trois fois » successives rendent le tout décidément plus bouleversant. Et voilà pourquoi… c’est important !

Kévin Commere