Tout le confirme, le véritable repère d’une année nouvelle, c’est septembre. C’est tellement vrai que ce qui n’était que le mois d’une rentrée scolaire est devenu la Rentrée. Une institution rythmant désormais toutes les activités du pays.
Et le 1er janvier alors ? Davantage une fête folklorique plutôt qu’un changement d’année, héritage d’un vieil édit royal. Le 1er janvier, on fait la fête, alors que le 1er septembre, on proteste, on manifeste. Il y a tant de sujets d’insatisfaction, pardon de colère comme on dit maintenant. Rien ne va plus, alors que le 1er janvier on célèbre une nouvelle année bonne et heureuse, agrémentée évidemment d’une bonne santé.
Septembre, c’est donc le choc brutal, gâchant le souvenir de vacances heureuses. Les réseaux dits sociaux en offrent la preuve, rivalisant de découvertes de lieux de rêve. Pourtant, pour beaucoup, les vacances n’ont été qu’une parenthèse pas toujours aussi réussie et brillante. Alors, pour ne pas se sentir marginalisés beaucoup sont tentés de mentir sur leurs vacances… une bonne moitié des Français selon un sondage… Il faut bien faire bonne figure.
La Rentrée, c’est d’abord la confrontation entre un été mythique idéalisé et le retour à une réalité qu’on a voulu oublier. Pas étonnant que septembre concentre toutes les frustrations et les protestations. Les problèmes non réglés sont toujours là. Et pour changer les choses dans un domaine, chacun sait qu’il est nécessaire d’y consacrer de l’argent, beaucoup d’argent. Bien sûr, tous les domaines sont prioritaires, et comme rien n’est possible sans argent, comment envisager l’avenir ?
Cet été, un groupe de jeunes d’une vingtaine d’années a choisi de passer trois semaines sous les tropiques. Pas de plages paradisiaques, pas de boîtes de nuit permettant de se défouler le soir, seulement un parcours surtout parmi des villages isolés. Avec absence de confort à la clef évidemment. Absence aussi de bien des normes indispensables à nos yeux. Marche dans des rues boueuses, toilettes rudimentaires, logements précaires avec cloisons de roseaux tressés… intimité non garantie…
On pourrait allonger la liste, mais l’essentiel a été ailleurs. C’était d’abord la découverte d’un monde chamanique où la crainte des esprits domine, un monde mystérieux vanté sous nos latitudes. Dans cet environnement pesant et enfermant, ils ont découvert, ici et là des hommes et des femmes qui, contrairement à nous, ne savent pas que rien n’est possible sans argent. Sans grandes ressources ceux-là se sont mis au service des plus démunis de leurs villages. Ces hommes et ces femmes ont simplement entendu parler, par des connaissances, d’un certain Jésus libérant des esprits oppresseurs. Loin des rites religieux, ils y ont simplement confié leur vie. Et désormais ils marchent avec enthousiasme dans ses pas, signes d’espérance parmi leurs concitoyens intrigués.
Nos jeunes Européens sont revenus, percutés par l’accueil de ces hommes et ces femmes sans grands moyens, mais heureux de servir là où ils sont. Contraste saisissant avec nos insatisfactions chroniques qui étouffent toute vie.
Pour eux, la Rentrée rime avec départ vers une nouvelle vie libérée !
Pierre Lugbull