Le « sacrifice »

Aujourd’hui le mot « sacrifice » est utilisé pour parler des choses dont on choisit volontairement de se priver afin d’atteindre un objectif. Avec moins de force, le sacrifice est aussi la concession que l’on accepte de faire pour le bien commun. 

Dans la Bible le mot « sacrifice » revêt également ces significations auxquelles nous sommes habitués. Alors que le roi David éprouve une grande soif, trois vaillants héros de sa garde rapprochée n’hésitent pas à risquer leurs vies pour récupérer de l’eau d’une citerne proche des installations ennemies. Se rendant compte de la véritable valeur de ce breuvage, David ne s’en jugera finalement pas digne. Ces vaillants hommes quant à eux, sont reconnus pour leur esprit de sacrifice. 

Mais ce mot est encore beaucoup plus lourd de sens. Dans l’Ancien Testament déjà, Dieu veut faire comprendre à celui qui deviendra le « père des croyants » que le sacrifice humain pratiqué dans les religions païennes est intolérable. Comment ? En lui demandant d’offrir son fils unique en sacrifice. Observant l’obéissance et la foi d’Abraham, Dieu l’arrêtera dans son geste, au dernier moment. Au lieu d’immoler l’enfant, Abraham fut appelé à se saisir du bélier retenu par les cornes dans un buisson voisin et l’offrir en holocauste en lieu et place de son propre fils. Ainsi nous est racontée l’histoire du premier sacrifice expiatoire. Un sacrifice en lieu et place de celui qu’on devait offrir au départ. 

Sous la plume des apôtres, plusieurs écrits du Nouveau Testament font comprendre que Dieu n’a pas retenu sa main lors d’un autre sacrifice. Celui du Christ. Lors de sa première rencontre avec lui, Jean-Baptiste put décrire Jésus comme « l’Agneau qui ôte le péché du monde ». Cette expression avait de quoi mettre sur la voie toute personne connaissant le système sacrificiel en vigueur, celui qui permettait d’expier le péché, pardonner le pécheur. 

Par la mort de Jésus sur la croix, Dieu agrée qu’un homme soit sacrifié en lieu et place de tous les autres, ceci pour la première fois dans l’histoire humaine. Jean parle de lui comme une victime expiatoire. Dans un langage juridique cette fois, Paul dira que Christ, le juste, est mort pour les injustes. Agneau parfait d’un côté, bouc émissaire de l’autre. 

Comprenant et méditant la profondeur du sacrifice avorté d’Abraham, le sacrifice du Christ ne s’en trouve que plus significatif. Car contrairement au fils d’Abraham, Dieu n’a pas épargné le sien… Ce dernier sacrifice ne saurait peser le même poids que d’autres. 

Kévin Commere