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J’accuse !

Je ne le fais pas souvent, mais pourtant je dois dire que j’ai bien envie de faire mon petit « coup de gueule » comme on le dit vulgairement.
Soyons bien d’accord, ce n’est pas l’espace le plus approprié pour faire cela mais tout de même ! Et puis certaines fois il vaut mieux communiquer le fond de sa pensée surtout quand on pense que celle-ci pourra encourager, ou avec moins de prétention, faire réfléchir l’autre (ce qui est déjà pas mal !).
Alors, de quoi s’agit-il ? Eh bien ce dimanche j’ai eu le privilège d’entendre une prédication fort pertinente sur un texte dans Luc 13 où Jésus s’adresse à des personnes qui viennent le questionner sur le sort de ceux qui viennent de subir des persécutions tout à fait injustes d’une part, et d’autres ayant trouvé la mort à cause d’une tour qui leur est tombée dessus alors qu’ils n’avaient, apparemment, rien demandé, d’autre part.
Parmi les phrases que j’ai entendues lors de cette prédication, j’ai retenu celle-ci, je la cite de mémoire : « […] et on accuse un ciel qu’on s’est empressé de vider ».
Je confesse volontiers que la phrase prononcée était bien plus belle, bien mieux tournée, mais ma mémoire qui me joue souvent des tours n’a pas pu retenir tous les détails.
Car ce qui m’a principalement frappé au final, c’est cette illogisme que j’ai toujours au fond de moi voulu exprimer de manière cohérente sans jamais y parvenir avec satisfaction. Du coup, en entendant cette phrase ce dimanche je me suis dit « et beh voilà ! C’est ça ! ». Simple mais efficace comme dirait l’autre ! 
Personnellement, je dirai même « simple mais puissant », « simple mais ô combien pertinent » ! Ce n’est pas une argumentation trop haute ou trop complexe, mais bien une petite phrase à la portée de tout le monde pour que chacun puisse agrémenter sa propre réflexion.
Et cela ne ferait pas de mal à mes amis non croyants. Oui pardon, le ton n’est pas le bon, mais comme dit… c’est un coup de gueule ! 
Ce qui m’énerve au fond, c’est que les chrétiens soient ceux qui doivent « tendre la joue » et se laisser gifler par ceux qui les accusent de croire en un Dieu qui laisserait faire tant d’injustice dans le monde. Tendre la joue et se laisser gifler par ceux qui les accusent de croire en un Dieu silencieux devant souffrance, tsunamis, et autres ouragans (dont la liste de noms risquent de ne plus faire tendance)…
Mon dilemme est là : nous sommes rapides pour accuser Dieu quand rien ne va. Mais est-ce que tout va mal tout le temps ? Clairement non ! Est-ce que nous rendons-grâces à Dieu quand les choses (que nous prenons comme un dû alors qu’elles sont un don !) vont bien ? Clairement non !
Accuser Dieu (et donc accepter son existence !) quand les choses vont mal et ne pas lui rendre grâces quand les choses vont bien (le rendant inexistant !) n’a rien de très cohérent. Cela me fait penser à ce texte de Paul quand il dit aux Romains qu’ils tiennent la vérité captive. Autrement dit ils connaissent la vérité mais décident d’en faire à leur tête malgré tout. C’est un peu le cas ici : nous accusons Dieu quand tout va mal de toute façon c’est forcément de sa faute puisqu’il serait intervenu sinon (!), mais qu’Il nous laisse tranquilles pour le reste ! Ce faisant, on accuse donc bel et bien un ciel qu’on s’empresse de vider…
Autre chose. Autant pour les chrétiens que les non-chrétiens cette fois. En lisant l’Évangile j’ai appris une chose sur Jésus. Une chose dont il me semble qu’elle est essentielle. Jésus ne s’étonne jamais du mal que les hommes sont capables de penser ou faire. Regardons bien, même la trahison de Judas n’a pas l’air de le surprendre et de l’étonner plus que cela.
En revanche, Jésus s’étonne et s’émerveille toujours quand les choses vont bien ! C’est le cas lorsque l’on croit en lui, c’est le cas lorsqu’on agit par la foi, etc. (« Jamais je n’ai vu une telle foi en Israël dira-t-il avant de guérir le fils du centenier dans Luc 7).
Autrement dit, dans un monde totalement déréglé par le péché, c’est le bien qui est surprenant ! Et non le mal !
Autrement dit, c’est quand il fait beau, quand il fait chaud (c’est l’antillais que je suis qui parle), quand toute la nature est en équilibre, et quand les hommes font preuve de courage, de créativité, voire même de générosité, eh bien c’est là qu’il faut être étonnés et surpris ! 
Car au vu de la noirceur de notre cœur, ce sont bien ces choses là qui ne sont pas normales après tout ! Ce n’est pas normal et pourtant personne ne lève les yeux au ciel en criant à l’injustice !
Disons-le : je souffre avec ceux qui souffrent, que ce soit en Haïti, à Saint-Barth ou en Birmanie, mais soyons cohérents ; crions à Dieu… mais rendons-lui grâces aussi.
Car la Bible nous l’assure : c’est Dieu qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, permettant que la vie puisse avoir lieu pour chacun d’entre eux. Si nous devions être surpris d’une chose, c’est bien celle-là !
Étonnant ? Détonant ? Peut-être, mais comme dans Luc 13, je crois que Jésus nous invite à changer de perspective…
Ça y est, c’est dit, ça va mieux !
Kévin Commere