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Quoi qu’il en coûte

Souvenez-vous, c’était le 12 mars 2020. Ce soir-là, le Président de la République annonçait les mesures drastiques destinées à contrer la prolifération d’un virus encore mal connu. De ces mesures, deux seront restées dans les mémoires : « confinement » et « quoi qu’il en coûte ». Leur répétition a certainement participé à les fixer de façon indélébile au plus profond des cerveaux.

Plus de 5 ans après, le danger immédiat étant écarté, il est devenu de bon ton de railler le ton martial et les formules employées. Et en ces temps de dérive financière galopante, brocarder le « quoi qu’il en coûte », est devenu le sport favori du monde politique, gommant la situation d’exception qui y était liée.

Des voix s’élèvent désormais de toutes parts appelant à une bonne gestion.
Terminées les dépenses inconsidérées, il faut se concentrer sur les priorités.
Urgence à financer la santé… quoi qu’il en coûte. Urgence à financer l’école… quoi qu’il en coûte. Urgence à financer la prise en charge du grand âge… quoi qu’il en coûte. Urgence à financer la transition écologique… quoi qu’il en coûte. Les priorités s’accumulent devant des caisses vides. Inutile d’allonger la liste, même si beaucoup d’autres se pressent au guichet des financements.

« Coûte que coûte » disait mon père ; c’était moins littéraire, mais quand même proche. Assez proche dans la forme certes, mais il ne faudrait pas se fier aux apparences. Quand il disait « coûte que coûte », il ne parlait pas d’argent ; il laissait à son épouse le soin de gérer l’argent de la famille ! Quand il disait « coûte que coûte », cela signifiait « quel que soit l’effort à fournir », « quelles que soient les difficultés à surmonter ». Il s’agissait de mener à son terme un travail entrepris, de ne pas baisser les bras avant d’avoir atteint l’objectif… coûte que coûte.

À l’ère de l’instantané, des engagements à très court terme sinon révisables à tout moment, le « coûte que coûte » sent la naphtaline. Qu’elle semble loin l’époque où les mariés s’engageaient « pour le meilleur et pour le pire » … coûte que coûte. J’entends les protestions véhémentes de ceux qui ont vécu le pire, un pire inadmissible où la seule issue a été la séparation. Mais qu’en est-il de trop des séparations pour convenance personnelle. Et que dire de ces liaisons temporaires où l’on « est ensemble » aujourd’hui, demain étant un autre jour. Le précaire ne fait pas bon ménage avec un avenir harmonieux sinon assuré.

Dieu, qui aime tant sa création, a confié à Jésus la tâche d’offrir un avenir à ceux qui désespèrent. Cet objectif a coûté cher à Jésus, très cher, jusqu’au prix de sa vie. À tel point qu’il a supplié : « Mon Père, si c’est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux. » Coûte que coûte … Quoi qu’il m’en coûte.

Pierre Lugbull