Crèches de Noël

Pas d’histoire de Noël sans crèche, bien sûr. Enfant, je n’en connaissais que des illustrations, pour la plupart assez naïves. Ces représentations colorées, baignant dans une lumière venant du ciel, me parlaient peu. Mes connaissances d’enfant se limitaient aux crèches où se nourrissait le troupeau familial de Montbéliardes. Milieu dépouillé et plutôt sombre d’une étable. Je n’arrivais pas à relier ces deux univers tellement décalés.

Il m’a fallu quelques années de lecture biblique et d’enseignement avant d’admettre que le berceau du bébé de Noël était une vraie crèche. Une crèche aussi rustique et peu hygiénique que celle de la ferme. Sans étoiles, sans guirlande, le silence seulement troublé par la mastication des animaux.

Il n’y avait pas de crèche de Noël à la maison. L’étable occupait suffisamment pour ne pas s’encombrer d’un tel gadget. D’ailleurs la tradition germanique s’accommodait bien mieux d’un sapin pour fêter ce jour…

Des années plus tard, nouveau grand écart : la découverte des crèches de Noël provençales avec leurs santons. Une crèche provençale digne de ce nom accumule autant de personnages que de professions possibles. Ces santons sont parfois de véritables œuvres d’art tant ils sont travaillés, autant dans leurs tenues que dans leurs attitudes. Un panorama de la société. Tellement de monde allant ici et là, occupé à ses affaires, qu’on remarque à peine Marie, Joseph et Jésus dans sa mangeoire. Mais ils sont bien présents !

Peut-être ai-je mal observé les santons, mais je n’ai pas remarqué de hauts personnages s’imposant par leur costume et leur attitude. Le « petit peuple » occupe tout l’espace, visiblement à son aise autour de la crèche. Jésus présent dans un petit peuple très occupé, Jésus venu pour eux.

Il en est un qui ignorait tout de l’histoire de Jésus, un grand, très grand même. Il avait éliminé ses concurrents l’un après l’autre. Né Octave, il s’était proclamé César (Empereur), puis Auguste (au-dessus de tous) allant jusqu’à se proclamer de lignée divine par Jules César divinisé. Octave César Auguste se prévalait d’avoir instauré la paix dans son immense empire, la célèbre « Pax Romana ». Enfin presque, si l’on passe sous silence les guerres incessantes loin de Rome, ses légions repoussant sans cesse les « barbares » hors des frontières. Rien de nouveau sous le soleil…

Un jour, Auguste décréta un recensement de ses sujets. Les modalités pratiques imposèrent des déplacements de population. C’est ainsi qu’une certaine Marie, de Nazareth, se retrouva à Bethléem où elle accoucha d’un certain Jésus. Par la seule volonté du divin Auguste… A moins qu’il ait été, bien malgré lui, l’instrument d’une volonté supérieure à la sienne, celle qui avait inspiré le prophète Michée 7 siècles plus tôt : « De toi Bethléem, dit le Seigneur… je veux faire sortir celui qui doit gouverner en mon nom le peuple d’Israël… On reconnaîtra sa grandeur jusqu’aux extrémités de la terre ».

Quelque 20 siècles plus tard, des personnes du monde entier reconnaissent Jésus comme leur Seigneur. Mais qui se souvient d’Octave ?

Pierre Lugbull

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