La végétation printanière s’est développée avec vigueur, même si fleurs et fruits sont à la peine, la grisaille pluvieuse étant plus généreuse que le soleil. Cette atmosphère humide fait des heureux, à commencer par limaces et escargots. Quand on bénéficie d’un espace de jardin, leur appétit n’est néanmoins pas le bienvenu.
Une autre espèce n’est pas davantage bienvenue, celle des mauvaises herbes. A peine a-t-on prononcé « mauvaise herbe » qu’on redoute être entendu de certains défenseurs de la biodiversité. Alors parlons d’« adventices » ! Ce legs du latin a l’avantage d’exprimer une réalité, celle de plantes « venues de l’extérieur sans y avoir été invitées » selon la définition du mot.
Mon petit bout de jardin a cette caractéristique d’être riche en adventices ! Pissenlits, lierre, alliaires, trèfle, … l’énumération n’en finirait pas. « Plantes venues de l’extérieur sans y avoir été invitées » … Bon, voilà de quoi justifier un désherbage ! Ces herbes ont la fâcheuse manie de proliférer là où s’épanouissent fleurs et plantes conservées pour leur beauté ou leurs fruits. Le désherbage devient alors une véritable lutte pied à pied avec fourche et binette. Mais les rouées ont pris soin d’enserrer les racines de celles qu’on veut conserver, et les rhizomes d’alliaires forment un réseau sans fin. Travail sans cesse à recommencer.
Quand l’homme a choisi d’être autonome, Dieu a prévenu : en choisissant de ne plus dépendre de moi, tu vas au-devant d’une vie difficile. « Tu devras te fatiguer tous les jours de ta vie pour tirer ta nourriture de la terre. Le sol produira pour toi des plantes épineuses de toutes sortes. Tu gagneras ta nourriture en transpirant beaucoup, jusqu’à ta mort ». Pas de quoi jubiler.
Un jardinier amateur disait : « Quand je plante des salades, il pousse des mauvaises herbes, si je plantais des mauvaises herbes, peut-être pousserait-il des salades ». Il ne l’a jamais fait ! Il connaissait l’avertissement de Dieu et le prenait au sérieux. On ne sortira donc jamais du rôle d’herbicide ? Herbicide ? Ça sonne comme homicide, féminicide, écocide… Brrr…
Quand nous sommes venus habiter ce lieu, une haie touffue faisait séparation avec la propriété voisine. Envahie de lierre et de ronces, ce n’était que buissons entremêlés. A force d’élagage et arrachage, sont apparus de vieux pieds porteurs de quelques branches chétives non identifiées et tentant de survivre. Il fallut une nouvelle saison pour découvrir l’épanouissement de magnifiques weigelias de couleur pourpre. Herbicide ou libérateur d’une végétation géniale ?
Or, figurez-vous qu’est apparu ce printemps un parterre de fraises des bois, là où rien ne poussait jusque-là. Certes pas des garriguettes, mais d’un goût inimitable. D’où sont-elles arrivées ? De graines propagées par le vent, certainement.
De Dieu, dit le Psaume 104 : « Tu fais pousser les plantes que les humains cultivent. Ainsi la terre leur fournit de quoi vivre » … et de préciser : « Tu prends les vents comme messagers » !
N’est-elle pas belle la Création de Dieu ?
Pierre Lugbull