Impossible d’échapper aux publicités commerciales plus prometteuses les unes que les autres. Super ou Hypermarchés rivalisent de maxi promotions. Mais peuvent-ils encore lutter avec ces mini centres commerciaux toujours prêts à jaillir de notre poche ? Munis de nos smartphones, puisqu’il s’agit d’eux, nous voilà introduits d’un clic, dans l’immense marché mondial.
Devant l’abondance d’offres des géants mondiaux du commerce, nos hypermarchés paraissent tout à coup tellement petits. Et pourtant, paraît-il, le Français rêve de petits magasins de proximité. Cela mettrait de la convivialité dans les quartiers. Oui, mais quand il s’agit de faire ses achats, le même Français choisit le méga marché planétaire.
La banalisation de l’extrême a envahi tous les domaines. Il fut un temps où l’usine Peugeot de Sochaux-Montbéliard était la plus grande de France. A quelques dizaines de km s’est implantée il y a peu, à grands renforts de publicité, une Giga Factory, excusez du peu ! Avant même d’entrer en fonction, la voilà déjà en faillite. Le giga vocabulaire n’y a rien fait. Pendant ce temps, le site de Sochaux reste une simple usine certes, mais à la technologie moderne, même si la taille et l’effectif ont diminué.
La culture du superlatif, voire de l’outrance, infuse toute la vie sociale. La bonne ambiance d’une fête, muée un temps en super ambiance, doit désormais atteindre une méga ambiance. Et que dire des méga concerts drainant des milliers de festivaliers abreuvés par une méga sono dont on ne peut s’approcher sans risque pour son ouïe ?
Dans cet univers fait de superlatifs, pas étonnant de rencontrer des « Mega Church », grandes et même très grandes Eglises aux milliers de fidèles. Superlatif et anglicisme en garantissent la pertinence dans notre époque moderne… comme les factory censées rendre obsolètes les usines ordinaires… Pourtant, j’ai lu dans le Nouveau Testament : « Un grand
nombre acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ 3 000 personnes s’ajoutèrent au groupe des croyants ». C’était au 1er siècle à Jérusalem. Mega Church … Déjà ?
Mais, peu avant, Jésus avait prévenu ses disciples : Ne restez pas tous ensemble à Jérusalem, portez la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu dans le monde entier. Et ne vous inquiétez pas du nombre, car « là où deux ou trois s’assemblent en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Des milliers de disciples de Jésus… ou simplement 2 ou 3, c’est encore l’Eglise du Christ. Le nombre n’y fait rien, et encore moins le méga ou le giga, superlatifs dérisoires masquant la pauvreté des relations sociales de la société moderne.
Lors des débats sur la fin de vie, plusieurs personnalités ont relevé un fait : le problème de trop de personnes est la solitude, elles ont besoin de relations et surtout d’amour. Dès les premières pages de la Bible, Dieu affirme : « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Les méga ou giga n’y font rien, l’homme a besoin d’au moins une relation, vraie, dans l’amour.
Pierre Lugbull