L’épître à Diognète (190-200 ap.J-C)

Après l’article sur « l’art de mourir », je vous propose ici une toute autre lecture, historique cette fois. Il s’agit d’une lettre retrouvée au 16ème siècle mais qui est le témoignage d’un chrétien anonyme s’adressant à un responsable local. Cette personne informe alors son destinataire de ce qu’est le christianisme. Extraits choisis, que je vous invite à commenter. 

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. […] Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture, et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. 

Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils ne jettent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais leur manière de vivre propre est supérieure à celle qui est définie par les lois.  »

Que pensez-vous de ce texte ? Quelle(s) phrase(s) vous interpelle(nt) le plus ?

5 thoughts on “L’épître à Diognète (190-200 ap.J-C)”

  1. “Ils passent leur vie sur terre, mais ils sont citoyens du ciel.”
    Moi je passe ma vie en France alors que je suis allemande, et je me trouve bien ici alors que je n’y suis même pas née. On peut donc être reconnaissant d’être né sur cette terre, puisque telle a été la volonté de Dieu pour nous, tout en gardant en tête (et dans le coeur) que nous avons une patrie ailleurs. Comme une double nationalité (que je n’ai toujours pas!) Par ailleurs, vous savez que je suis allemande à cause de mon accent. Est-ce que nous avons l’accent du ciel? Je vous parle parfois de l’Allemagne avec un brin de nostalgie ou en vantant tout ce qu’il y a de bien là-bas (tout en gardant à l’esprit que je suis très bien ici). Est-ce que je suis autant chauvine quand je parle du ciel? En tout cas, je suis contente d’avoir au moins une double nationalité, celle de la terre et du ciel. Ou, si vous préférez, je suis citoyene du ciel avec un permis de séjour pour la terre.

    1. Oui, super ! Merci pour ton commentaire ! Et la question que tu poses est tout à fait pertinente ! Oula, va falloir y réfléchir ? Ai-je les accents du Ciel…
      Grand merci ! 

  2. Wouahou, merci Susanne, génial, j’avoue que j’aimerai aussi avoir l’accent du ciel!…
    Mais à quoi fait, il fait référence quand il dit« qu’ils ne jettent pas leur nouveaux nés? Avortement?
    Merci, Kevin pour ce texte.

    1. Merci Lilou pour ta réponse à Susanne.
      Il faudrait davantage fouiller dans les récits et études sociologiques concernant l’abandon des enfants dans l’Antiquité. Cependant on peut dire certaines choses sans trop se tromper je pense. À deux titres au moins, tout d’abord le fait que la prostitution allait bon train et que, sans surprise, les enfants pouvaient soient être avortés soit abandonnés. Un autre élément serait également celui des ressources financières nécessaires au soin d’un membre supplémentaire dans la famille. Si les familles étaient pauvres alors les enfants étaient une charge… Enfin, même si là il faudrait lire davantage à ce sujet, j’ose penser que les filles notamment, n’avaient pas autant la place dans la société que les garçons…
      On trouve en tout cas quelques phases intéressantes de la part de pères de l’Église qui disaient qu’il était très possible qu’en fréquentant des prostituées, on aurait très bien pu se retrouver dans une situation d’inceste sans même le savoir ! 
      Quelle horreur ! 

      En tous les cas, les chrétiens ont rapidement été identifiés non seulement comme des personnes qui n’abandonnaient pas leurs enfants, mais qui aussi, récupéraient ceux qui étaient abandonnés pour pourvoir à leurs besoins.

      La question pour aujourd’hui serait : dans ce domaine, comment les chrétiens pourraient-ils briller et apporter une véritable lumière et espérance dans un monde qui, d’une manière ou d’une autre, continue à faire fi des droits des enfants… voire des enfants à naître…
      Merci pour ton commentaire ! 

  3. Perso j’ai bien aimé cette phrase : ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture, et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle.

    J’aime bien me rappeler que les chrétiens ne sont pas des extraterrestres mais des personnes bien intégrées dans la société, avec en plus cette appartenance à leur république spirituelle.

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